ƒƒ Article de Camille Scordia

© J Beaume

Qu’est ce que la jubilation? Bien malaisés d’y répondre, les deux comédiens Camille Boitel et Pascal Le Corre proposent une approche performative: La jubilation est abordée dans une démonstration scénique qui se situe quelque part entre le théâtre et la conférence gesticulée. Sur le plateau de ce qui ressemble à un colloque, l’un cherche à obtenir, en vain, des réponses à ses questions, qui n’en sont pas tout à fait. Dans une première partie se livre un véritable duel entre un interviewer trop bavard, véritable caricature du journaliste qui pose une question dans laquelle est déja contenue la réponse, et un intellectuel dépressif et amorphe, aux faux airs de Michel Houellebecq.
A mesure que les questions et non réponses s’enchaînent s’instaure un jeu entre l’interviewer, toujours plus prolixe et désireux de combler les vides, et l’interviewé, qui ne fait que réagir, par ses expressions et ses attitudes, sans jamais prononcer le moindre mot.
Dans un second temps, les rapports de force s’inversent : on assiste à une crise du sujet principal, l’animateur du débat, dont la patience atteint ses limites. Dès lors, le spectacle prend un autre tournant, prenant l’allure d’une performance, avec des chutes, des coups, des cris et de l’imprévu. Après une focalisation sur le discours, le langage, avec des jeux d’esprit dans lesquels sont enchassés des éléments de réfléxion sur ce qu’est la jubilation, cette partie fait la part belle à l’improvisation, l’intéraction avec le public et développe, à raison, ce qui est une des grandes qualités de ces acteurs: pour l’un, l’expressivité de son visage, pour l’autre, son humour et sa langue bien pendue. Ils mettent en place ensemble un jeu de mime, l’un manipulant l’autre tel un pantin, lui donnant même sa propre voix, en ventriloquie, afin qu’il illustre un personnage choisi: l’alcoolique dépressif, le clown triste, l’adolescent musclé etc: autant de figures mimées qui nous donnent un aperçu de la palette de jeu d’un bon acteur. Ces scènes ralentissent toutefois le rythme d’un spectacle léger et dynamique, sans véritablement le ternir. Mais pour rester jubilatoire, la Jubilation se doit de rester légère et d’échapper aux lieux communs, car elle se veut à l’image de ce qu’elle désigne: un sentiment inattendu, intense et fugace, qui disparait si l’on y regarde de trop près.

La Jubilation
De Camille Boitel et Pascal Le Corre
Conférence animée par Camille Boitel et Pascal Le Corre
Coproduction : Le Manège, scène nationale de Reims ; Le Bois de l’Aune, pôle artistique et culturel du Pays d’Aix ; Marseille Provence 2013 – capitale européenne de la culture ; Farnham Maltings et Crying out Loud (GB) ; Le Parvis, scène nationale de Tarbes ; Le Nouveau Théâtre de Montreuil, centre dramatique national ; La brèche – Pôle National des Arts du Cirque de Basse Normandie.
Aide à la création : Ministère de la Culture et de la Communication : DRAC Ile de France et DGCA ; Ville de Paris.

Du 11 au 17 janvier 2016

Théâtre de la Cité Internationale
17, bd Jourdan – 75014 Paris
www.theatredelacite.com
Réservation au 01 43 13 50 50

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