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« La Fin du monde est pour dimanche » de François Morel au Théâtre du Rond-Point

Jan 31, 2015 | Commentaires fermés sur « La Fin du monde est pour dimanche » de François Morel au Théâtre du Rond-Point

ƒƒƒ article de Victoria Fourel

p183770_6© Manuelle Toussaint

Le théâtre de François Morel s’explique en peu de mots. Si, comme il le dit ici, la vie est une semaine et ni plus ni moins, alors oui, la fin du monde est pour dimanche. C’est aussi simple que ça. Il fait le choix dans ce spectacle de relier des textes qui ont pour point commun de parler du temps qui passe, et de ce que cela veut dire. Une caissière qui témoigne de son amour pour Sheila, qu’elle a l’impression d’avoir toujours connue, un papy qui fabrique des souvenirs à son petit-fils, un éternel comédien de complément. Autant de portraits qui donnent à rire et à s’émouvoir sur ce quotidien dont il faut profiter, parce qu’on est peut-être déjà samedi soir.

Le metteur en scène Benjamin Guillard use de toute la tendresse des textes et de la voix de François Morel. La grande force du spectacle et de son auteur, c’est de faire des histoires à partir de choses qui n’intéressent personne, et donc, qui intéressent tout le monde. Parti pris passionnant, car le théâtre oublie parfois d’écrire de la poésie trempée dans des choses ordinaires, alors que c’est le point de rencontre exact entre ce qui touche et ce qui impressionne. Sa plume est précise et vivante, et on s’attache autant au ton qu’à la forme.

Sur scène, on se sent en famille, entouré d’histoires tendres et hilarantes. Même si les projections vidéo ne sont pas toujours à la hauteur visuellement, elles sont dans l’ensemble très belles, au même titre que les astuces de mise en scène. Les éléments de décor qui glissent sur scène pour donner des appuis de jeu au comédien, le piano qui joue tout seul la bande-originale du spectacle, les bulles qui tombent du ciel comme autant de souvenirs insignifiants et essentiels, tout est synonyme de poésie du quotidien pour l’auteur-comédien.

François Morel n’essaie pas de se fondre dans ses personnages. Il y a du conteur en lui, de l’ami, de l’envie de transmettre et de dire des choses futiles (et utiles) : il y a de la beauté partout, du ridicule, du drôle. On retiendra un monologue qui donne à voir tout ça avec beaucoup de délicatesse et de force : celui tiré de ses chroniques radio, où l’on tient le procès du bonheur. Mais où le bonheur ne répond rien aux accusations qui pèsent sur lui, puisqu’il est toujours ailleurs. C’est beau, c’est simple, c’est drôle et c’est virtuose dans l’écriture.

On aurait évidemment envie que certains fragments soient plus longs, plus développés, et que l’enchaînement des textes soit parfois moins linéaire. Cela pourrait rendre le tout plus fluide, autant pour le spectateur que pour le comédien. Mais c’est aussi la mosaïque, le grand écart des sujets et des registres, le bonheur des mots d’enfants comme des mots de vieux qui fonctionnent ici. On est avide d’entendre la suite, le temps passe vite, tout semble soudain limpide : la fin du monde est pour dimanche, autant ne pas traîner !

La fin du monde est pour dimanche
Texte François Morel
Mise en scène Benjamin Guillard
Scénographie, lumières et vidéo Thierry Vareille
Costume Christine Patry
Musique originale Antoine Salher
Avec François Morel

Du 28 janvier au 28 février 2015 à 21h (à 15h le dimanche), relâche les lundis et le 1er février

Théâtre du Rond-Point
2bis, av. Franklin D. Roosevelt – 75008 Paris
Métro Franklin D. Roosevelt ou Champs-Elysées Clémenceau
www.theatredurondpoint.fr

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