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La danseuse malade, chorégraphie et interprétation de Kim Itoh, Maison de la Culture du Japon à Paris

Juin 30, 2022 | Commentaires fermés sur La danseuse malade, chorégraphie et interprétation de Kim Itoh, Maison de la Culture du Japon à Paris

 

 

© Bozzo

 

 

 ƒƒ article de Denis Sanglard

Premier solo du danseur butô Kim Itoh depuis 16 ans, pièce basée sur le livre La danseuse malade qu’écrivit en 1983 le fondateur de cette « danse des ténèbres », Tatsumi Hijikata. Ouvrage manifeste pour beaucoup de danseurs butô dont Kim Itoh, lequel avec cette performance revient sur cette découverte qui décida de son destin artistique.

Un homme tombe sur un livre dans un appartement. Il le feuillette puis le lit à voix haute. Le corps bientôt s’imprègne du contenu et lentement se métamorphose. C’est d’abord une tentative, simplement découvrir ce que provoque en soi ce qui est écrit, cette puissance poétique hallucinée de l’auteur et ce qui en résulte, dans la plus grande liberté. Rien de littéral donc, mais l’évocation en premier lieu d’un ressenti qui semble lui échapper et que le corps traduit. Kim Itoh amorce, défait, recommence gestes et mouvements, parfois simplement esquissés. De là surgit une chorégraphie, comme malgré soi. Ce que l’on perçoit, c’est tout le processus de création d’un danseur butô, cette approche unique qui demande un abandon total pour que sourd l’inconscient et la mémoire du corps. Il ne s’agit pas d’imitation mais d’évocation, toujours. Puis, s’emparant d’une guitare, livre un concert, chante le texte, c’est du rock pur et dur. Ce pourrait être incongru, c’est au contraire le même processus à l’œuvre, expérimenter, soumettre le texte et son contenu, ce qu’il provoque intimement, et voir ce qui en résulte. C’est aussi la singularité de ce danseur d’être toujours à la croisée des arts et ne s’enfermant jamais dans le butô. Enfin la troisième partie de cette création voit Kim Itoh devenir un autre personnage, abandonner le bandeau qui lui couvre l’œil, mettre perruque, et danser, une chorégraphie qui n’est plus expérimentation mais l’aboutissement d’une maturation, d’un parcours de vie où le butô s’est estompé pour la danse contemporaine et la performance, et le constat ici, au regard du livre et de son interprétation, d’un échec sublimé porté à son incandescence. C’est une transe formidable où le corps exulte, comme possédé. Ultime variation autour d’un texte au final impossible et l’impossibilité de sa représentation. Le livre finit donc à la broyeuse. Kim Itoh en fait des confettis qui envahissent le plateau et ainsi se libère de sa charge. Cependant, quand il quitte le plateau ce n’est pas sans déposer au centre la servante. On songe alors, tant pis si nous extrapolons, que Tatsumi Hijikata reste pour tous les danseurs qui ont pratiqué ou approché le butô, l’on quitté parfois, cette veilleuse qui jamais ne s’éteint.

 

 

La danseuse malade direction, chorégraphie, interprétation de Kim Itoh

Texte de Tatsumi Hijikata

 

23 & 24 juin 2022 à 20 h

 

Maison de la Culture du Japon à Paris*

101bis quai Jacques Chirac

75015 Paris

Réservation 01 44 37 95 95

www.mcjp.fr

 

*avec le CND, centre national de la Danse, dans le cadre de Camping, plateforme chorégraphique internationale

 

 

 

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