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La chair est triste hélas, texte et mise en scène Ovidie, avec Anna Mouglalis, au Théâtre de l’Atelier

Sep 13, 2025 | Commentaires fermés sur La chair est triste hélas, texte et mise en scène Ovidie, avec Anna Mouglalis, au Théâtre de l’Atelier

 © Christophe Raynaud de Lage

ƒƒ article de Hoël Le Corre

C’est avec un geste artistique et militant radical que s’ouvre cette saison du Théâtre de l’Atelier. Avec La chair est triste hélas, au titre aussi mélancolique que tranchant, Ovidie ne mâche pas son propos : « Je ne suis pas mal baisée parce que je suis féministe, je suis féministe parce que je suis mal-baisée. » Les mots sont lâchés, et la suite sera exutoire, cathartique et nous plongera dans l’intimité du vécu de l’autrice. Est-ce nécessaire de rappeler que l’intime, et particulièrement quand il se passe dans la chambre à coucher, est éminemment politique ? Cet intime-là se transforme donc en universel ; et voilà toute la salle qui frémit, prend conscience, s’esclaffe soudain, et applaudit unanimement en se reconnaissant entièrement ou en partie dans ce discours à la première personne.

Ovidie, ancienne actrice de cinéma pornographique, aujourd’hui autrice et journaliste, entre autres, a souhaité confier ce texte auto-narratif à Anna Mouglalis, ex-mannequin désormais actrice. Qui plus au fait que ces deux femmes dans la relation au corps-objet ? De cette obligation à tordre son corps pour se conformer au désir masculin ? Car s’il est difficile parfois de savoir ce qu’on veut, ces deux femmes savent, en revanche, ce qu’elles ne veulent plus. C’est cette prise de conscience qui a mené Ovidie à une décision radicale : la grève du sexe, avec les hommes, cela s’entend. Le refus de n’être que le vecteur de leur jouissance, leur faire-valoir, leur trophée. Et que personne ne vienne lui dire qu’ « il y a des hommes bien quand même… ». Cette relation au sexe hétérosexuel est systémique, ancrée dans l’ADN masculin, et rien ne viendra transformer cela tant que le patriarcat et le capitalisme ne seront pas détruits.

C’est donc un texte et un jeu frontal qui se déploient devant nous. Sans fioriture, la voix est tenue et le regard acéré. Le ton rauque, porté par la voix si particulière d’Anna Mouglalis, vient développer une réflexion crue, sincère, oscillant entre l’ironie et des vérités assénées sans concession. On retiendra d’ailleurs quelques punchlines savoureuses. On navigue ainsi entre une étude sociologique et une confession intime, entre le charisme de la comédienne et des vidéos qui soutiennent le propos. L’intelligence de la mise en scène réside dans la nuance entre des mots très incisifs et l’impression de ne jamais se sentir agressé en tant que spectateur. C’est direct, catégorique, incontestable. C’est à prendre ou à laisser.

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

 

La chair est triste hélas, écrit et mis en scène par Ovidie

Collaboratrice à la mise en scène : Marie Fortuit
Avec : Anna Mouglalis
Musique / Bande sonore : Geoffroy Delacroix
Montage : Barbara Bascou
Création lumière : Robin Laporte
Scénographie : Grégoire Faucheux
Costumes : Jenn Pocobene

 

Du 9 septembre au 25 octobre 2025

Du mardi au samedi à 21h

Durée : 1h

 

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris

Réservations : 01 46 06 49 24
billetterie@theatre-atelier.com 

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