À l'affiche, Critiques // La Bonne Education, d’Eugène Labiche, mise en scène Jean Boillot, au Théâtre de la Renaissance, Oullins

La Bonne Education, d’Eugène Labiche, mise en scène Jean Boillot, au Théâtre de la Renaissance, Oullins

Nov 25, 2018 | Commentaires fermés sur La Bonne Education, d’Eugène Labiche, mise en scène Jean Boillot, au Théâtre de la Renaissance, Oullins

 

 

© Arthur Pequin

 

ƒƒ Article de Victoria Fourel

C’est quoi, La bonne éducation ? Si Eugène Labiche était fort à sa place dans les salons mondains, il l’était aussi dans les chambres d’enfants. Quelle est la place de l’enfance dans un monde d’adultes, et comment faire exister nos petits dans nos univers ? Ces deux comédies en un acte parmi la multitude de textes de Labiche choisissent ces questions en toile de fond, dans un spectacle moderne et vif.

Il faut d’abord reconnaître que le sujet et le ton sont vraiment surprenants et intéressants. Toutes les œuvres de Labiche ne se valent pas, et l’intérêt de ses pièces en un acte est souvent limité. En monter deux d’un coup, c’est culotté ! L’éducation des enfants, c’est aussi un gros morceau. D’une part parce que c’est une facette de l’auteur que l’on connaît moins, et d’autre part car c’est un vrai sujet de l’époque. Les enfants des riches sont ignorés et lâchés à des domestiques aux intentions parfois douteuses, et les enfants des pauvres sont utilisés pour le travail. Il y a donc matière à discussion et à comédie.

La force de cette Bonne Education, c’est son visuel. Plein de volumes et de surprises, le plateau donne à voir une scénographie à tiroirs, qui se transforme pour donner vie aux deux histoires consécutives. Les comédiens montent et descendent, entrent et sortent, pour que ces jolis intérieurs soient propices au qui pro quo. Et l’autre point fort du spectacle, c’est son rythme, qui joue à fond la carte du sautillant, du bruyant, du vivant. Tout va vite et tout est précis, comme dans un vaudeville classique, mais avec le décalage nécessaire au théâtre d’aujourd’hui.

Et c’est peut-être ce décalage qui dessert la mise en scène au final. Ces textes peu joués, même s’ils sont savoureux par leur portrait d’une époque et leurs jeux de mots, manquent d’élan, d’un certain fond, de matière suffisante. C’est pourquoi ces deux heures nous semblent longues. Et les cris et les courses des comédiens nous paraissent vraiment répétitifs. L’ingéniosité du décor ne suffit pas à gommer les excès de la direction d’acteurs. On trouve tout drôle, moderne et osé, jusqu’à ce que cela devienne juste trop. Dommage, car en faisant moins durer le tout, en passant plus rapidement sur les quelques retournements de situation moins passionnants, on aurait pu trouver le spectacle parfaitement calibré.

Ici, on rend vraiment hommage à un genre. On y fait entrer des procédés modernes, on y fait bonne place à la partie musicale des pièces de Labiche, et on fait rire sans complexe. Quitte donc, à en faire trop dans le grossissement de tout, des costumes et des caractères. Si cela peut rappeler que les franches comédies d’hier sont aussi des objets théâtraux d’aujourd’hui, l’essentiel est là.

 

 

La Bonne Education, texte d’Eugène Labiche

Mise en scène Jean Boillot

Lumières Ivan Mathis

Dramaturgie Olivier Chapuis

Musique Jonathan Pontier

Costumes Pauline Pô

Décors Ateliers du NEST

 

Avec Guillaume Fafiotte, David Maisse, Philippe Lardaud, Isabelle Ronayette, Nathalie Lacroix, Régis Laroche.

 

Du 22 au 24 novembre 2018

Jeudi et vendredi à 20h, samedi à 19h

 

Théâtre de la Renaissance

7 rue Orsel

69600 Oullins

 

Réservation 04 72 39 74 91

http://www.theatrelarenaissance.com

 

 

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