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La Bible vaste entreprise de colonisation d’une planète habitable, texte et mise en scène de Céline Champinot au Théâtre de la Bastille

Nov 23, 2018 | Commentaires fermés sur La Bible vaste entreprise de colonisation d’une planète habitable, texte et mise en scène de Céline Champinot au Théâtre de la Bastille

ƒƒ article d’Isabelle Blanchard

Voici une lecture de la bible, sous le prisme d’une fin du monde annoncée, revisitée à la manière des écrits de science-fiction, voici la proposition de Céline Champinot et de sa troupe pour établir une critique de la main humaine mise sur la terre et aussi sur l’utérus des femmes. La bible à la sauce science-fiction donc, pour mieux décrire une fin du monde qui semble avoir toujours été annoncée.

Au plateau est installé un terrain de jeu avec ses zones tracées au sol, ses jeux de cordage cette tente-tipi. Quatre jeunes scouts s’y retrouvent après un cours de catéchisme. Ils s’adressent à Dieu pour lui reprocher ce monde dans lequel ils vivent, où l’Homme a colonisé la terre en devenant maître de toute vie. Ils lui reprochent son silence devenu acceptation et entreprennent un jeu de rôle pour revivre les écrits bibliques. La bible devient alors une histoire d’anticipation.

Et sous nos yeux incrédules, les comédiennes se donnent, courent, se disputent, crient, chantent, dansent, hurlent, se tuent, s’époumonent car nous sommes bien dans une ère de jeu avec ses typiques constructions de cordes et ses jeux du quotidien. C’est un jeu très physique.

La langue est très chantée, les comédiennes jouent du timbre et de la tonalité. Elles chantent aussi des textes très drôles écrits par Céline Champinot.

Toute cette agitation est, au début, assez déstabilisante mais dès que l’on se laisse porter le burlesque, une ambiance de franche rigolade nous emporte. Et il est bientôt impossible de garder son sérieux face à cet humour et cette énergie déployés au plateau.

L’agitation est intense, totale au plateau, mais cette frénésie est si bien contrôlée dans le placement des acteurs, les voix et leurs intonations, les silences et le « tohu bohu » qu’on ne peut que saluer une belle maitrise du plateau. On croirait presque des moments d’improvisation. Quelle belle synchronisation. Car derrière cette impression de chaos et d’improvisation tout est maitrise du ton, du temps, des gestes.

Le message pourrait se perdre dans cette langue renouvelée et à travers ce débit si rapide mais il n’en est rien. La critique de notre société utilitariste est et les questions qui découlent de cette critique sont bien posées et nous les emportons avec nous après le spectacle.