À l'affiche, Critiques // King Kong Théorie, de Virgine Despentes, mise en scène de Vanessa Larré, Théâtre de l’Atelier.

King Kong Théorie, de Virgine Despentes, mise en scène de Vanessa Larré, Théâtre de l’Atelier.

Mai 29, 2018 | Commentaires fermés sur King Kong Théorie, de Virgine Despentes, mise en scène de Vanessa Larré, Théâtre de l’Atelier.

ƒƒ article de Denis Sanglard

King Kong Théorie de Virgine Despente, manifeste féministe radical indispensable, remet les pendules déréglées de nos rapports homme/femme à l’heure et surtout donne une définition de la féminité aujourd’hui evidée de tous clichés. Evacuée la femme idéale, femme qui n’existe pas. Ou seulement dans le regard patriarcale posé sur elles, bonne épouse, bonne mère et tout le fratas idéologique emballé avec pour l’enserrer, l’étouffer dans un carcan, l’éduquer, l’assigner dans un rôle de soumission passive voire active qui a fait son oeuvre et ses ravages. Et perdure. Virginie Despentes impose une femme virile, ce qu’elle affirme être sans avoir à s’excuser, se refusant à la mascarade imposée,  et ne s’interdit aucun sujet. Sexualité, prostitution, pornographie et viol. Partant de sa propre expérience, ne trichant pas, casch, elle en tire un enseignement, refusant le rôle de victime. retournant comme un gant les arguments victimaires de la socièté pour assener ses quatres vérités, ce manifeste acide et indispensable qui remet tout à plat.  Les hommes ont leur part dans ce brûlot. Non qu’elle les vilipende et bien qu’elle les critique pour leur lacheté et leur impuissance, les remet vertement à leur place. Sans déclarer la guerre mais souhaitant simplement tout faire exploser pour recommencer sur un pied d’égalité. Vanessa Larré à son tour s’empare de ce pamphlet qu’elle met en scène avec énergie, une inventivité débordante et pas mal d’humour corrosif. Elles sont trois sur le plateau qui balancent le texte de façon décapante. N’y allant pas par quatre chemins, aussi cash, voir trash que Virginie Despentes où une chatte est une chatte, n’hésitant pas dans une scène hilarante à mimer une fellation avec éjaculation faciale, à parler crûment de masturbation féminine jusqu’à interroger la salle qui, à l’exeption d’une spectatrice partageant sans fard son expérience, s’enfonce dans les fauteuils. Plus graves et enragées, colère rentrée,  pour relater l’expérience du viol. Jouant à la poupée Barbie pour expliquer le champ des possible parmi les positions sexuelles. Usant de la vidéo, d’une bande son dont celle d’un film porno – mais sans les images – Vanessa Larré transforme le plateau en un vaste champ expérimental – un peu trop parfois – en défense et illustration de ce manifeste dont la vision exacerbée prend aujourd’hui une acuité redoutable. Tout cela est rondement et intelligemment mené. Et l’on se rend compte combien la langue de Virginie Despentes, son alacrité écorchée, sa puissance virile, épousant les arguments de ses oppresseurs, usant du même langage oppressif, les retourne contre eux pour mieux les dénoncer et les combattre. Rien n’est désamorcé dans cette adaptation, au contraire, Vanessa Larré et ses trois complices dégoupillent avec un plaisir communicatif cette bombe  qu’elle nous balance à la figure. Bien visé. La déflagration est terrible.

 

King Kong Théorie de Virgine Despentes
Mise en scène de Vanessa Larré
Adaptation Vanessa Larré et Valérie de Dietrich
Avec Anne Azouley, Marie Denardeau, Valérie de Dietrich
Scénographie et Lumière  Laurent Castaingt
Son  Stan Bruno Valette
Costumes  Ariane Viallet
Vidéo Christian Archambeau
Assistante à la mise en scène  Alma Terrasse

du 25 mai au 7 juillet 2018
du mardi au samedi à 21h

THéâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris
réservations 01 46 06 49 24
www.theatre-atelier.com

 

 

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