À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements, Festivals // Je suis tous les dieux, pièce chorégraphique de et par Marion Carriau, festival jeune public Playground, Rencontres chorégraphiques Seine-Saint-Denis

Je suis tous les dieux, pièce chorégraphique de et par Marion Carriau, festival jeune public Playground, Rencontres chorégraphiques Seine-Saint-Denis

Déc 05, 2022 | Commentaires fermés sur Je suis tous les dieux, pièce chorégraphique de et par Marion Carriau, festival jeune public Playground, Rencontres chorégraphiques Seine-Saint-Denis

 

© Léa Mercier

 

 

ƒƒ article de Marguerite Papazoglou

En cette journée de clôture du Playground, le tout nouveau volet jeunesse des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, le public est au rendez-vous. Beaucoup d’enfants, beaucoup d’agitation. Ce sera une merveille de les sentir complètement subjugués quelques minutes plus tard par le monde de Je suis tous les dieux.

Nous sommes dès l’abord touchés par un remarquable travail sur la présence. Assise de dos pendant l’entrée du public, au milieu d’une scénographie très plastique dans laquelle elle se fond, un masque recouvrant toute la tête, Marion Carriau installe d’emblée un silence rayonnant de mystère sacré. Nous entrons dans un monde où les objets sont symboles ; agissants, presque parlants. Puis, la danseuse se lève, retire le masque intégral de déesse et se retourne lentement : le changement est radical, nous voici face à un corps tout quotidien, un regard public bien vivant, accueillant et tendu vers nous. Le contact est immédiat, les tonalités posées. Le silence de tous vaut acceptation de la proposition, nous serons happés, nous voyagerons dans le temps et dans des contrées fantastiques. Magda Kachouche, partenaire de Marion Carriau pour leur pièce précédente signe cette fois la scénographie : sur une scène blanche, deux sculptures que tout semble opposer forment une sorte de géographie symbolique faite d’angles aigus, d’ombre et de reflets tranchants d’une part et d’un nuage de douceur à la lueur intrigante d’autre part. L’Inde n’y est pas citée directement et pourtant au fur et à mesure du récit, les éléments prendront leur place, de même que se fera la transformation de la narratrice en jean et sweat-shirt gris vers une figure du (ou des) dieu(x) dansant(s).

Marion Carriau introduit brillamment le Bharata natyam dans le spectacle sans percuter les esthétiques. Au contraire elle crée le pont de cordes, que tous emprunteront avec enthousiasme, nécessaire pour y entrer. Au départ quelques mots et gestes introduisent au rythme sourd, sous-jacent, ce maître absolu de la danse indienne, puis vient le monde mythologique, surdimensionné, aux mudra millénaires et l’expressivité si particulière du visage, enfin, par les frappes de pieds, elle crée les rythmes propres de la danse indienne. La théâtralité à la fois occidentale et orientale, la grâce poussée à l’état virtuose et l’abord stylisé d’émotions nues : cela s’adresse à tous les âges et tous les publics. Tout comme les mythes eux-mêmes qui se chevauchent, se lient, se suivent et se répètent, la chorégraphie trouble les frontières et les identités. Nous ne sommes plus totalement à un endroit et toute notion de durée est perdue. Cela dure 35 minutes mais on en voudrait bien le double. Le même corps, Marion Carriau, juxtapose et superpose images et sons dans ce qui se présente initialement comme un jeu entre sons naturels et sons amplifiés, mais qui tisse au fur et à mesure une partition sonore à part entière faite de poésie, de chant et de boucles argentées !

Nous serons portés par le mythe de Ganesh dans un voyage initiatique : l’enfant créé par la mère solitaire, la survenue du père, la mort et la résurrection, la rivalité des frères, la paternité pleinement assumée par un beau-père, la connaissance indivisible, la force du cœur, la sagesse comme intelligence et prudence, la tristesse, la joie, ou pourquoi Ganesh a une tête d’éléphant. C’est riche, intense, drôle, captivant et doux. Marion Carriau, telle Zarathoustra, devient tous les dieux, et ça donne envie de danser !

 

© Léa Mercier

 

 

Je suis tous les dieux de Marion Carriau

Conception, chorégraphie, interprétation Marion Carriau

Assistante à la dramaturgie Alexandre Da Silva

Regard extérieur Eve Beauvallet

Costumes Alexia Crisp Jones

Scénographie et lumière Magda Kachouche

 

Le 26 novembre 2022 à 15 h

Durée 35 minutes – Dès 6 ans

 

 

Le Pavillon – Romainville

28 avenue Paul Vaillant-Couturier

93230 Romainville

 

Réservation au 01 55 82 08 01 et 01 49 15 56 53
reservations@rencontreschoregraphiques.com

www.rencontreschoregraphiques.com

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed