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Je me souviens le ciel est loin la Terre aussi, par Aurélien Bory et Malden Materic, au Théâtre Monfort, Paris

Déc 02, 2022 | Commentaires fermés sur Je me souviens le ciel est loin la Terre aussi, par Aurélien Bory et Malden Materic, au Théâtre Monfort, Paris

© Compagnie 111

 

ƒ article de Hoël  Le Corre

 Quelque part en 1994, Aurélien Bory est spectateur et il ressort frappé par la beauté et la puissance du spectacle Le ciel est loin la Terre aussi, du metteur en scène Malden Materic. Celui-ci est connu pour son esthétique élégante et délicate. Et Aurélien Bory restera habité par les images de cette représentation, comme une lueur qui perdure et éclaire la suite de son parcours  théâtral. Dès lors, vingt-cinq ans plus tard, Je me souviens le ciel est loin la Terre aussi agit comme une machine à remonter le temps.

Le jeune spectateur devenu metteur en scène à son tour ne cherche pas à recréer à l’identique la pièce qui l’a tant marqué, mais il lui rend hommage, par la réutilisation de bouts de décor et en invitant les comédiens d’origine sur scène. Par ce remake, Aurélien Bory nous invite aussi à réfléchir sur ce qui perdure d’un spectacle, une fois le rideau retombé. Cette mémoire est faite d’éléments objectifs certes, mais ne persiste-t-il pas également des bouts moins tangibles, peut-être même déformés, dans l’inconscient ?

En tant que spectateur vierge de la première pièce, nous assistons là à une pièce onirique, assez hypnotisante, où l’on se retrouve portés par la musique envoûtante de Joan Cambon. Si la scénographie est imposante, et s’il peut être émouvant de penser que les comédiens sont les interprètes originels, il nous a semblé être un peu laissés sur le côté, comme devant un puzzle dont il manquerait une pièce. Les références à la première œuvre nous échappent quelque peu, malgré les projections de la pièce d’origine, et ce spectacle s’avère certes poétique, mais reste assez énigmatique pour les nouveaux venus. Comme si nous étions invités à des retrouvailles où nous ne connaissions personne.

Alors, oui, le décor est impressionnant, notamment le sol jonché de balles de ping-pong sur lequel les comédiens évoluent comme sur des œufs, l’ambiance nous emporte dans un monde inconnu, mais il semble manquer quelque chose, et c’est frustrant. Peut-être est-ce à nous, spectateurs non-aguerris, de montrer plus de lâcher-prise, moins de rationalisme ? Mais peut-être cela mériterait-il que l’on soit plus guidés, pour être mieux invités à entrer avec les comédiens dans cette machine à remonter le temps ?

Nous avons fugitivement réussi à raccrocher les wagons de l’émotion grâce à une évocation poétique et parfois surprenante des relations familiales et de la nostalgie de l’enfance, mais le tout nous laisse un petit goût de rencontre ratée.

 

© Compagnie 111

 

Je me souviens le ciel est loin la Terre aussi, par Aurélien Bory et Malden Materic
Conception, scénographie, mise en scène : Aurélien Bory, Mladen Materic
Composition musicale : Joan Cambon
Création lumière : Arno Veyrat
Conception technique décor : Pierre Dequivre
Construction décors : Pierre Pailles, Jérémy Sanfourche, Olivier Jeannoutot
Peinture : Isadora De Ratuld
Accessoires : Stéphane Chipeaux-Dardé
Costumes : Manuela Agnesini
Régie générale et lumière : Thomas Dupeyron
Régie son : Stéphane Ley
Régie plateau : Mickael Godbille, Yarol Stuber-Ponsot

Avec Aurélien Bory, Haris Haka Resic, Jelena Covic, Mickael Godbille

 

Durée : 1 h 15

Du 23 novembre au 3 décembre 2022
Du mardi au samedi à 20 h 30

 

Théâtre Montfort

165, Rue Brancion
75015 Paris, France
Réservations : 01 56 08 33 88

www.lemonfort.fr

 

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