À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements, Festivals // Je hurle, de Eric Domenicone, Mirman Baheer mis en scène par Eric Domenicone, 11. Avignon, Festival d’Avignon (Off)

Je hurle, de Eric Domenicone, Mirman Baheer mis en scène par Eric Domenicone, 11. Avignon, Festival d’Avignon (Off)

Juil 15, 2021 | Commentaires fermés sur Je hurle, de Eric Domenicone, Mirman Baheer mis en scène par Eric Domenicone, 11. Avignon, Festival d’Avignon (Off)

 

© Baptiste Cogitore

 

ƒƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia

Je hurle fait partie des pépites que l’on est heureux de trouver dans le Off du Festival d’Avignon. Un texte engagé, une mise en scène originale et poétique, un accompagnement musical d’une grande richesse, une énergie passionnée des interprètes.

Je hurle est un cri pluriel, polymorphe et multidimensionnel. Un cri au sens propre, à travers des mots et des sons. Des mots proférés, hurlés même parfois, du papier, déchiré, découpé, froissé, transformé, recomposé, le gémissement de l’archet sur les cordes et les pizzicati affolés. Un cri au sens figuré, celui d’une adolescente afghane, Zarmina, qui n’a trouvé que le suicide pour échapper à l’interdiction d’écrire, celui de toutes les poétesses afghanes qui doivent se cacher pour composer et rimer, celui de toutes les femmes et défenseurs de la liberté d’expression, de penser, et de l’égalité femmes-hommes. Un cri porté par une histoire réelle et cruelle, magnifié par une mise en scène poétique et tragique, qui trouve un équilibre improbable et pourtant d’une grande justesse entre le théâtre de marionnettes et le théâtre documentaire.

Le papier sert de medium principal à la narration. Des feuilles, puis des rouleaux, savamment chiffonnés et agencés se transforment en poupées éphémères représentant toutes ces filles et ces femmes, empêchées de s’exprimer, enfermées dans un statut social inférieur inacceptable. Le papier blanc, évidemment symbole de pureté, mais aussi bariolé par ce qui a été précédemment écrit dessus, comme autant de traces des coups portés, des blessures infligées, du sang jaillissant de ces corps séquestrés.

La contrebasse et la composition de Jérôme Forher qui alternent entre les sonorités occidentale et orientale n’accompagne pas seulement la narration, elle y participe pleinement tout en accentuant la dimension tragique de la création qui une heure durant se déroule dans une course folle.

Concomitamment à la dimension proprement dramaturgique du spectacle, le propos se veut aussi didactique et documenté. Des extraits de presse, d’enregistrements clandestins de lectures de poétesses afghanes et d’un entretien avec l’ex députée et vice-ministre Najiba Sharif sont diffusés sur des écrans vidéo éphémères suspendus à des structures métalliques symbolisant des cages où les barreaux ne sont même pas nécessaires pour susciter l’autocensure et la privation de liberté (intellectuelle).

Bien que créé en 2018, le texte du spectacle a été actualisé, notamment avec des chiffres sur les taux de scolarisation et les inquiétudes nées de la décision récente de Joe Biden de retrait des troupes américaines d’Afghanistan, qui permet aux Talibans de revenir en force.

Un spectacle citoyen que les Festivaliers doivent soutenir en s’y rendant sans hésitation.

 

© Baptiste Cogitore

 

Je hurle de Eric Domenicone, Mirman Baheer

Mise en scène : Eric Domenicone

Avec : Yseult Welschinger, Faustine Lancel

Dramaturgie : Magali Mougel

Scénographie : Antonin Bouvret

Création musicale et musique sur scène : Jérôme Forher

Conception marionnettes : Yseult Welschinger

Témoignages, recherches documentaires : Najiba Sharif

Réalisation portrait vidéo : Sophie Langevin

Régie Générale et création lumière : Chris Caridi

Régie son : Dimitri Oukkal

Régie lumière ​: Maxime Scherrer

Costumes : Blandine Gustin

 

Durée 1 h

 

Jusqu’au 29 juillet à 13 h 05

Relâche le lundi

 

 

Festival d’Avignon – Off

11.Avignon

11 boulevard Raspail

84000 Avignon

www.11avignon.com

 

Tournée en France en 2022

 

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed