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Je crois que dehors c’est le Printemps, de Concita de Gregorio, mise en scène Gaia Saitta et Giorgio Barberio Corsetti, adaptation théâtrâle et interprétation Gaia Saitta, Théâtre du Rond-Point, Paris

Oct 04, 2023 | Commentaires fermés sur Je crois que dehors c’est le Printemps, de Concita de Gregorio, mise en scène Gaia Saitta et Giorgio Barberio Corsetti, adaptation théâtrâle et interprétation Gaia Saitta, Théâtre du Rond-Point, Paris

 

© Chiara Pasqualini

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

Sortir époustouflé d’un spectacle. Ce n’est pas si rare que cela, bien sûr et heureusement. Mais de cette façon, après être resté tout ce temps avec Gaia Saitta, qui nous parle comme si nous étions amis, qui nous utilise ou du moins utilise nos images, nous donne l’impression de ne pas être au théâtre mais face à une amie qui n’en peut plus et qui nous parle, épuisée, malheureuse, amoureuse et heureuse, tout ceci mélangé, remué, qui cesse un moment et reprend. Oui, c’est un peu différent. On écoute, regarde, suit de A à Z, on ne pense pas avec quel métro nous allons retourner dans le 15e, ou si le chat a été sage. Non. Nous ne sommes pas face à Je crois que dehors c’est le printemps, nous y sommes entrés complètement, dès le début. Et rien ne nous lasse, si à un minuscule instant on imagine que l’on frise le trop, hop ! ou paf ! allez savoir, la lumière revient et nous comprenons pourquoi nous avons pris ce petit chemin surprenant à cet instant-là.

Gaia Saitta est parmi nous, à peine en face si l’on peut dire, une femme qui va nous parler d’elle, de ce qu’est sa vie, de ce qu’elle a été, de ce qu’il lui est arrivé, de terrible et, ou, de beau. Quelques spectateurs ont été placés sur scène, on ne sait pas encore trop pourquoi. Ils vont juste devenir des photos vivantes de son passé, sa grand-mère, son mari, sa psy…  C’est l’histoire d’Irina Lucidi, Suisse, d’origine italienne, qui se déroule devant nous. Une femme qui a rencontré un homme merveilleux, puis très vite beaucoup plus tyrannique, qui lui dépose partout des post-it pour lui rappeler ce qu’elle doit faire, comment, quand. Elle tombe enceinte, des jumelles naissent. L’enfer continu, puis le jugement de divorce est prononcé. Puis l’homme merveilleux disparaît, ces petites filles d’à peine trois ans aussi. On le retrouve mort, il s’est suicidé. Une longue enquête débute, la roule dans une boue affreuse, cherche cherche, cherche, s’aperçoit qu’elle est innocente, que le vide s’impose et que donc il faut tout abandonner, ne plus chercher. Les jumelles jouent sans doute à la poupée sur une autre planète, qui sait ? Cette femme, cette mère n’a rien à voir là-dedans, elle n’est pas coupable. Donc stop, trop de temps perdu. Cette femme nous raconte, raconte, montre. Un poids énorme est là, et pourtant nous l’écoutons, on a envie de s’approcher d’elle, de lui donner un verre d’eau, de lui prendre la main. Vous n’êtes pas seule, continuez. C’est ce qu’elle fait. Elle nous parle du noir, puis de la nouveauté, de la vie qui revient, parallèle étrange et si beau en même temps, l’amour à nouveau. La vie. Oui, on ne comprend toujours pas comment elle se construit, comment elle s’amuse cette vie, mais elle continue. Alléluia ! sans mauvais jeu de mots.

Cette femme déroule un non-stop. On entend dans la salle des grognements, des soupirs non étouffés, des gens veulent sortir. Preuve sublime de la force de ce spectacle. Au tout début, on imagine rire un rien, oui, c’est amusant ce public sur scène. Puis… nous sommes pris. Entraînés. Complètement. Pour tout dire, et en se répétant peut-être, et alors ? Pour tout dire nous ne sommes pas au théâtre, ce n’est pas un spectacle. C’est la vie, un de ces moments extrêmement forts, rencontre, partage. Et de la douceur en même temps, avec ces spectateurs sur scène, qui participent, deviennent, à qui Gaia Saitta demande discrètement de s’asseoir ici, de se lever, de lire ces quelques lignes, là. Même le merveilleux amoureux est là, le nouveau, celui qui change tout. Et la surprise de cet homme qui ne s’attendait pas à finir ce soir-là sur scène tombe à pic, un sourire en plus et c’est parfait. Je crois que dehors c’est le printemps est une surprise, on est venu sans s’attendre à cela et on ressort sourire aux lèvres, vous savez ceux qui ne peuvent plus s’envoler, qui s’attachent, vous changent un peu. Quelle belle idée d’avoir voulu nous raconter cette histoire, de l’avoir fait comme cela. Et cette voix italienne, libre, vous en rappellent tant. Bref, courrez, vous ne serez pas au théâtre mais dans la vie, avec ces hauts, ces bas, cette douleur si forte mais aussi cet amour qui débarque enfin, présence simple qui change tout. Effectivement, Je crois que dehors c’est le printemps.

 

 

© Chiara Pasqualini

 

Je crois que dehors c’est le printemps de Concita de Gregorio

Mise en scène : Gaia Saitta et Giorgio Barberion Corsetti

Adaptation théâtrale et interprétation : Gaia Saitta

Régie plateau et vidéo : Pierre Ottinger

Régie Lumière et son : Tom daniels

Scénographie : Giuliana Rienzi

Costume Frédérick Denis

Création Lumière : Marco Giusti

Création sonore : Tom Daniels

Vidéo : Igor Renzetti

Création Studio Théâtre National Wallonie Bruxelles

 

3 au 15 octobre 2023

Du mardi au vendredi 19h30

Samedi 18h30 – dimanche 15h30

Relâche dimanche 8, lundi 9 et mardi 10 octobre

 

Salle Jean Tardieu

Durée 1h30

 

 

Théâtre du Rond-Point

2bis, avenue Franklin D. Roossevelt

75008 Paris

Réservations :

T. 01 44 95 98 21

www. theatredurondpoint.fr

 

Tournée :

6-27 juillet : Théâtre des Doms / Avignon (84)

23-25 janvier 2024 : Théâtre Joliette / Marseille (13)

6-10 février 2024 : Théâtre National de Bretagne / Rennes (35)

15 mars 2024 : Mamer, Kinneksbond / Luxembourg

19-30 mars 2024 : Théâtre de Namur / Belgique

 

 

 

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