© Frédéric Iovino
ƒƒ article de Victoria Fourel
C’est l’histoire du Petit Chaperon Rouge. Et de Raiponce. Et d’une sorcière, d’un loup, d’un boulanger. Et aussi de Cendrillon. C’est l’histoire de tous les héros qui peuplent les imaginaires et les cultures, dans un musical moderne et décalé.
Musicalement, l’œuvre de Sondheim parvient dès le départ à garder l’équilibre entre comédie musicale et instrumentations modernes. Précis, inventifs, les thèmes se déclinent tout au long du spectacle, portés par des voix presque toujours parfaitement maîtrisées. On apprécie donc d’être face à un spectacle qui met en valeur cette œuvre classique et furieusement contemporaine.
On est d’ailleurs davantage dans le théâtre contemporain ici que dans le musical grand public. Le plateau se dévoile de plus en plus en profondeur, dans une scénographie construite en couches, s’enfonçant de plus en plus dans la forêt. De la même façon, les personnages sont tantôt dans une extrême modernité volontairement kitsch, tantôt dans un classique appuyé et drôle. Le spectacle saute d’époque en époque, jouant avec les contes traditionnels et le rôle capital qu’ils tiennent dans la société actuelle : celui de la transmission, de la leçon de morale, du partage par le récit.
On sent que la complexité des histoires entrecroisées, de la musique et de ces couches de compréhension donnent du fil à retordre à la mise en scène. C’est la première, et cela ne se passe pas sans un certain nombre d’accrochages. Changements de décors, rythme, notes difficiles à atteindre… Tout cela est compliqué à assembler. Et malgré une forte identité et une belle tenue globale, on voit parfois un tout petit peu les fils.
Revisite de nos contes traditionnels, écho avec leur rôle au sein de la famille, et avec les combats de notre temps, Into the woods est une œuvre unique, qui résiste parfois aux adaptations. Si nous n’avons plus à traverser les bois pour faire face à nos combats, nous devons pourtant toujours apprendre à cohabiter, à nous battre ensemble et à transmettre les leçons du passé aux plus jeunes. C’est là que la comédie musicale prend son sens, entre fantaisie, technique et vraie œuvre complète.
© Frédéric Iovino
Into the Woods, musique et paroles Stephen Sondheim
Livret James Lapine
Mise en scène Olivier Bénézech
Lumières Jean-Baptiste Cousin
Scénographie Olivier Bénézech et Grégory Leteneur
Costumes Frédéric Olivier
Chorégraphie Johan Nus
Avec Sinan Bertrand, Dalia Constantin, Scott Emerson, Grégory Garell, Bastien Jacquemart, Alyssa Landry, Jérôme Pradon, Jasmine Roy, Charlotte Ruby, et l’orchestre de l’Opéra de Reims.
Du 19 au 23 mars 2019
Du mardi au vendredi à 20h et le samedi à 19h30
Durée 2h30 avec entracte
Théâtre de la Croix-Rousse
Place Joannès Ambre
69004 Lyon
Réservation au 04 72 07 49 49
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