© Ultima Vez
article de Nicolas Thevenot
À qui la faute ? À qui la responsabilité de ces pathétiques rejetons ou infamous offspring dans la langue de Shakespeare ? Aux géniteurs divins, ou au créateur flamand ? Car il faut l’avouer sans plus tarder, Infamous Offspring n’aura rien du spectacle mythique qu’il vous faudrait avoir absolument vu. S’inspirant de la mythologie grecque, l’autrice et poétesse Fiona Benson catapulte ces histoires intemporelles dans une version bien contemporaine et réductrice puisqu’il ne s’agit ni plus ni moins de penser la famille dysfonctionnelle d’aujourd’hui à l’aune des dieux grecs, à moins qu’il ne s’agisse de l’inverse, penser cette mythologie par la lorgnette psycho-pathologique de notre société. À l’instar de la scénographie, écrans immenses surplombant la scène et ses minuscules et mortels danseurs, il y a comme qui dirait un petit problème d’échelle dramaturgique. De la même façon le gigantisme des images projetées n’a d’égal que la performance hallucinée et caricaturale de ses interprètes (y compris le pauvre Israel Galván, et l’on se demande ce que le génie venait bien faire dans cette galère). La démesure est à pied d’œuvre quand elle se gonfle, à la manière du crapaud de la fameuse fable, sans égard à ce qu’elle pourrait bien vouloir dire. Le texte de Fiona Benson est particulièrement frêle pour ne pas dire indigent et c’est comme si le fondement de l’ensemble était voué à crouler irrémédiablement. On retrouve bien sûr l’énergie sidérante de la troupe d’Ultima Vez, la compagnie fondée par Wim Vandekeybus, ces sauts qui feraient pâlir une Étoile de l’Opéra de Paris, ces flips flops, ces vrilles, cette danse sous redbull qui semble s’être hybridée à l’acrobatie. Mais cela même ne suffit pas, et, c’est un comble, finit par tomber à plat. Et si les rejetons de Zeus et Héra sont affublés du qualificatif de débauchés par leurs propres parents, on veut bien convenir qu’il y a de fait une incroyable débauche d’énergie. Une dépense à fond perdu tel le sceau des danaïdes. Et c’en est d’autant plus frustrant.
© Ultima Vez
Infamous Offspring, mise en scène et chorégraphie de Wim Vandekeybus
Cocréé et interprété par : Iona Kewney, Maria Zhi Tortosa Soriano, Lotta Sandborgh, Cola Ho Lok Yee, Samuel Planas, Rakesh Sukesh, Paola Taddeo, Adrian Thömmes, Hakim Abdou Mlanao Texte Fiona Benson Musique Warren Ellis/Dirty Three, ILA.
Conception sonore du film : Arthur Brouns
Assistance artistique et dramaturgie : Margherita Scalise
Conception des costumes : Isabelle Lhoas
Scénographie : Wim Vandekeybus
Réalisation des décors et conseil : Schröder, Pepijn Mesure et KVS
Ingénieur du son et opérateur vidéo en direct : Schröder
Conception des éclairages : Wim Vandekeybus et Benjamin Verbrugge
Light on tour : Benjamin Verbrugge
Conseil sur la mythologie : Nadia Sels
Film et captation :
Réalisateur : Wim Vandekeybus
Scénario : Wim Vandekeybus et Fiona Benson
Interprété par : Israel Galván, Daniel Copeland, Lucy Black, Thi-Mai Nguyen, Cola Ho Lok Yee, Iona Kewney, Paola Taddeo, Pieter Desmet
Premier assistant réalisateur et directeur visuel : Fernando Vandekeybus DOP Dries Vanderaerden
Direction artistique : Jara Vlaeminckx
Maquillage : Tine De Sauter
Costumes : Isabelle Lhoas
Du 25 au 28 juin 2025 à 20h
Durée : 1h45
Grande Halle de la Villette
211, avenue Jean Jaurès
75019 Paris
Tél : +33 (0)1 40 03 75 75
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