© Marco Castro
ƒƒ article de Corinne François-Denève
On raconte que dans un temps pas si lointain, des gens au visage découvert se réunissaient dans des salles aux fauteuils rouges, afin de partager « quelque chose ». C’était avant l’an 1 du Covid. On raconte aussi qu’il y eut une époque où on pouvait monter dans un train jaune et bleu, s’enfoncer dans un tunnel sous-marin, et déboucher soudain dans un autre pays, rempli de Bobbies et gouverné par une Reine. Mais ça, c’était avant le Brexit.
Bertrand Bossard a créé Incredibly Incroyable en 1998. Officiant dans le théâtre dit « sérieux », le comédien, biberonné aux Monty Python, avait alors franchi la Manche pour présenter, in English, un spectacle de stand-up qui sera ensuite joué plus de 400 fois. C’est ce spectacle qu’il reprend désormais, agrémenté d’un prologue filmé qui fait entrer doucement les spectateurs et les spectatrices dans l’univers du « show » : humour fin et teinté d’absurde, interaction avec un public plus ou moins réceptif, l’idée étant, dans ces temps difficiles, de rappeler aux gens « the joy of sharing ».
Cet Incredibly Incroyable 2.0, remis à la sauce digitale et sanitaire du jour, a de fait peu bougé en 20 ans. En anglais, et parfois en russe et en français, il permet à Bertrand Bossard de parler histoire et politique sans avoir l’air d’y toucher. Fluide et solidement construit, le spectacle évoque la lutte entre le capitalisme triomphant et le communisme déclinant, la Révolution russe, Anastasia, Dieu et le mime Marceau, des thématiques sans doute fort actuelles dans les années 1990, mais qui n’ont rien perdu de leur acuité. À mesure que le spectacle s’installe, Bertrand Bossard lâche la bride à son tempérament clownesque, ou cartoonesque, et se dépense sans compter sur son plateau nu.
Il n’est pas nécessaire d’être anglais pour gouter l’ironie amère qu’il y a à jouer un spectacle de stand-up quand les théâtres sont fermés, et le public bouche cousue par les masques. Chapeau bas, well done, Mister Bertrand.
© Marco Castro
Incredibly Incroyable 2.0, de Bertrand Bossard
Collaboration artistique Charlotte Sephton, Maxime Mikolajczak, Solal Bouloudnine, Olivier Veillon
Lumières Jean-Damien Ratel
Image Laurent Didier
Mixage vidéo Pierre Carrasco
Étalonnage vidéo Hugues Gemignani
Avec Bertrand Bossard
« En anglais basique, non surtitré facilement compréhensible »
Du 13 janvier au 13 février 2021 à 15 h ou 20 h
Durée 01 h 15
Espace Cardin petite salle
1 avenue Gabriel
75008 Paris
Réservation au 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
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