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Hedwig de John Cameron Mitchell et Stephen Trask, adaptation de Brice Hillairet et Dominique Guillo, mise en scène de Dominique Guillot au Café de la Danse

Nov 30, 2023 | Commentaires fermés sur Hedwig de John Cameron Mitchell et Stephen Trask, adaptation de Brice Hillairet et Dominique Guillo, mise en scène de Dominique Guillot au Café de la Danse

©Gregory Juppin

ƒƒ Article de Sylvie Boursier

Oh Hedwig, Hedwig ! Ta présence nous galvanise, ta chevelure blond platine nous hypnotise, ta bouche est ensorcelante, ton regard, captivant, quel ravissement de te voir en talons hauts et porte jarretelles !

Vous souvenez vous de la comédie musicale frappadingue The Rocky Horror Picture Show midnight movie aux effets comic book ? La folie gagnait la salle avec lancée de riz lors des scènes culte. Hedwig a quelque chose de cette esthétique gothique à la Hammer avec une touche drag club flamboyant emballé du bon vieux rock and roll seventies.

Et pourtant l’histoire est vieille comme le monde, le mythe de Platon, ça vous parle ? Selon lui chacun cherche son chat, non pardon sa moitié, recto verso, ne faire qu’un. C’est la quête d’Hedwig né homme à Berlin-Est, travesti en femme et mutilé contre son gré par amour, contraint à l’exil aux Etats Unis où entre deux séances de baby sitting, il se prostitue et tombe raide dingue amoureux du beau Tommy Gnosis, lequel le cocufie et pas seulement sexuellement mais artistiquement si l’on peut dire. Hedwig le Pygmalion se fait griller la vedette par ce blanc bec de showman à qui il a tout appris. Les histoires d’amour finissent mal en général…

Alors la grande Hedwig, se venge en beauté lors d’un concert confession déjanté avec son groupe The Angry Inch alternant parlé et chanté sur un rythme d’enfer. Éblouissant de poésie, d’humour et de féminité, Brice Hillairet est de tous les plans, transformiste élastique aux costumes délirants, tour à tour Zizi Jeanmaire emplumée, Blanche Neige chez Oui-Oui, la poupée qui dit toujours oui, ou meneuse de revue en short fluo et jeans ultra court, il fait le show comme à Broadway avec son choriste et mari Yitzhak, chanteur croate, Anthéa Chauvière à la voix d’or. Tout est prévu même les sous titres comme au karaoké et le final nous réserve une surprise digne de Platon où Hedwig enfin rassemblé trouve le chemin de sa rédemption, on ne vous dit pas comment. Mieux qu’un traité de psychologie sur l’identité Hedwig montre avec finesse et intelligence ce que signifie « être soi ». Il n’a pas choisi d’être mutilé et n’est porte-parole d’aucune communauté, d’un genre unique tout simplement et c’est pour cette raison qu’on l’aime. Sa force vitale force le respect.

Bon, résumons-nous, un scénario sexe, drogue et rock’n rol au sucre Candy, un pitch qui n’a pas la puissance de Phantom of the Paradise, des décors récup de série B, des costumes criards élimés aux manches et pas que, les ficelles sont grosses mais totalement assumées et les traits d’humour un peu longuets dans la dernière partie mais quelle générosité ! Le grand, très grand Brice Hillairet, prince des bas-fonds queer vaut le déplacement, avec une orchestration qui rappelle la grande époque des Lou Reed, John Lennon, David Bowie, Patty Smith, de la bonne vieille country et du glam ça fait du bien, alors on ne vous fait pas un dessein, tous pour Hed-wig, Hed-wig !