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Haskell Junction, conception et mise en scène de Renaud Cojo, au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine

Oct 15, 2017 | Commentaires fermés sur Haskell Junction, conception et mise en scène de Renaud Cojo, au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine

© Frédéric Desmesure

 

ƒ article de Jean Hostache

Renaud Cojo propose, à l’ouverture de la nouvelle saison du TnBA, un véritable OVNI théâtral aussi déroutant que complexe à décrypter. Nous y trouvons un réel intérêt vis-à-vis du sujet qu’il aborde : celui des frontières, à l’évidence éminemment actuel, mais vu à travers le prisme singulier de cette étrange anecdote-géographique qu’est la ville de Stanstead. Comme une étude de cas, Renaud Cojo prend l’exemple de cette ville frontalière unissant le Canada aux Etats-Unis et plus particulièrement, en zoomant toujours dans la carte de celle-ci, l’exemple du Théâtre Haskell de Stanstead dont la salle de représentation est scindée en deux. Ainsi, pouvons-nous venir au théâtre du côté canadien comme du côté américain et appartenir, le temps d’une représentation, à deux nations ? Drôle d’expérience, drôle d’espace, certes… Mais tout cela, c’est-à-dire l’histoire de Stanstead, nous la découvrons une fois le spectacle bien avancé, au cours d’un docu-fiction projeté en dernière partie aux murs de notre salle de spectacle. C’est néanmoins le choix, et probablement la place de cette vidéo, qui participe grandement à l’écueil de ce spectacle, faisant que toute la première partie périclite et se défait… Pour à peu près nous situer la forme : le rideau se lève sur un amoncellement de fragments aux allures performatives, s’inspirant peut-être de Philippe Quenes, citant de toute évidence David Lynch. Une longue fresque décousue dans la neige du nord de l’Amérique, où l’écriture sibylline de Renaud Cojo monte au créneau. Pour cette première mise en bouche, la prise de risque est là et nous la saluons, mais nous sentons tout de suite une mise en scène abusive d’effets et que trop volontaire. Le travail visuel et esthétique attise notre regard, les liens ont du mal à se faire entre les différents fragments, mais nous lâchons l’affaire et ne cherchons pas à « comprendre » si ce n’est que ressentir la forme qui nous est proposée. Néanmoins, c’est ici la deuxième partie de la soirée dans laquelle nous avançons, la vidéo arrive et perce le mystère et toute l’architecture obscure à laquelle nous venions d’assister. Elle commente, surligne, explique tout le spectacle pour en devenir tout à fait didactique. Pris à part, ces deux morceaux de théâtre pourraient être intéressants, quoi qu’à repenser scéniquement, mais leur addition les annule et nous revenons au point zéro. Tout ceci est bien dommage, car nous notons le travail désorganisé de Renaud Cojo, et le public sort mitigé comme sur ce qu’on nommerait une terrible « fausse fin ».

 

Haskell Junction, de Renaud Cojo

Conception et mise en scène  Renaud Cojo
Film  Renaud Cojo, Laurent Rojol
Scénographie  Philippe Casaban, Éric Charbeau
Lumières  Denis Louis, Éric Blosse
Son  Johan Loiseau
Costumes  Odile Béranger, Muriel Liévin

Avec  François Brice, Renaud Cojo, Elodie Colin, Catherine Froment, Christophe Rodomisto

Du 12 au 21 octobre, du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 19h

Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine (TnBA)
Place Renaudel – BP 7 – 33032 Bordeaux

Tramway : Ligne C, arrêt Sainte-Croix
Bus : Lianes 1, 11, 16 et ligne 58
Réservations au +33 (0)5 56 33 36 80

http://www.tnba.org

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