ƒ article de Jean Hostache

©Jean Poucet

Ce duo d’amis italiens dévoile un spectacle aux styles et aux registres pluriels. Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella jouent tous deux la carte d’un art aux multiples facettes, et propose une heure d’Happy Hour.

Après une courte introduction, où les deux interprètes viennent nous expliquer maladroitement et avec humour de quoi il s’agit, on comprend que le spectacle auquel on vient assister se construit selon une somme de « matières » – pour reprendre leur expression – qui va bientôt nous être présentée. Voilà le point obscur et délicat de ce spectacle. Cette note artistique en guise de préambule sonne à première vue étrangement fausse. Elle apparaît comme une justification de leurs travaux, qui n’arrive guère à assumer le non-sens, qui pourtant est bien là. Les huit « matières » qui en découlent sont toutes, prise à part comme fragments, effectivement intéressantes, mais elles restent de l’ordre de la démonstration. En effet, chacune de ces séquences possèdent réellement sa qualité et sa beauté, mais l’accumulation de toutes celles-ci participe à leur perdition dramaturgique et au dévoilement d’une sorte de mosaïque vaporeuse, voulant faire sens sans en avoir la capacité. Il y a donc comme un vide qui persiste malgré l’intérêt notable qu’on peut avoir pour les deux danseurs.

Quant à eux, on saluera leur belle complicité scénique, l’amitié et la bienveillance qui ne les quittent pas, et qui constitue sans doute la matière première de leur spectacle. Leur talent de danseurs est grand, celui de comédien a ses défauts. Reste en revanche leur écriture chorégraphique dans ce qui touche purement à la forme, qui ici s’assume sans difficulté, et propose une vision – dans la relation au corps étranger et à l’altérité qu’interroge ce duo – puissante et contrastée par différents registres.

Happy Hour
Conception et chorégraphie : Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella.
Musique : Verde-Canfora, Bob Dylan, Rainer Pietsch et Amanda Lear, Claudio Monteverdi, Sibylle Baier et Siouxie and The Banshees.
Lumières et direction technique : Simon Stenmans.

Avec Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella.

Du 23 au 27 janvier à 20h

Théâtre de la Bastille
76, rue la Roquette 75011 Paris
Métro Bastille (ligne 1, 5 et 8), Voltaire (ligne 9).
Bus : 69 (Commandant Lamy), 61 (Basfroi).
Réservations au 01 43 57 42 14.
http://www.theatre-bastille.com/

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