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« Guests », de Josette Baïz au Théâtre de la Ville

Fév 07, 2015 | Commentaires fermés sur « Guests », de Josette Baïz au Théâtre de la Ville

ƒƒƒ Article de Florent Mirandole

 

© Léo Ballani

© Léo Ballani

 

Installés sur des praticables, cinq visages de gargouilles enfantines nous fixent, immobiles. Puis une musique techno ravageuse envahit la scène et les gargouilles se mettent à danser dans une succession de postures tordues, cassées, sur un rythme frénétique. Cette introduction intitulée Tricksters, spécialement créée par le chorégraphe Alban Richard, est la première des 7 pièces qui composent le spectacle Guests, joué jusqu’au 0

8 février au Théâtre de la Ville. La scène est d’autant plus surprenante qu’elle est interprétée par des enfants. La petite taille, les bras squelettiques et les mimiques gothiques de ces enfants ne semblent pas adaptés à cette chorégraphie brutale, violente, et un léger malaise se fait d’abord ressentir devant ces enfants si enthousiastes à singer les adultes. Pourtant, parce qu’ils n’hésitent pas un seul instant, parce que leurs gestes sont précis, et parce que leur petite voix qui retentit dans la salle du Théâtre de la Ville ressemble à des hurlements, l’émotion nous atteint. Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années décidément. C’est toutefois aussi au travail de Josette Baïz, la fondatrice et directrice artistique du Groupe Grenade, que l’on doit cette étonnante rencontre entre la jeunesse, de 7 à 18 ans, et la danse contemporaine. Formé il y a 20 ans, le Groupe Grenade n’a depuis lors fait aucune concession sur l’exigence technique de ses danseurs. Le niveau auquel est confronté la troupe aurait plutôt tendance à progresser, alors Lucinda Childs et Wayne McGregor entre autres sont au menu de Guests.

C’est avec l’entrée en scène de la troupe d’adolescents que l’on mesure plus particulièrement le travail accompli. Techniques, gracieux, les adolescentes enchaînent les pas de deux et les chorégraphies répétitives avec aisance et enthousiasme. Par un étrange effet de miroir, la décontraction des enfants contraste avec l’application des adolescents. Engagés dans des pièces extrêmement techniques, ces derniers jouent Lucinda Childs avec une certaine solennité un peu rigide. C’est encore le cas avec Désirs d’amour de Dominique Bagouet, où les badinages amoureux sont un peu affadis par la maitrise technique des danseurs. C’est peut-être dans la pièce de Wayne McGregor, Entity, que les danseurs trouvent le juste équilibre. Dans cette pièce particulièrement physique, où la maitrise technique compte autant que l’expressivité du personnage, plusieurs personnalités se distinguent. Il faut noter toutefois que les danseurs ont profité pour cette pièce des conseils de Wayne McGregor, venu lui même travailler avec la troupe sur sa pièce. Enfin Uprising, de Hofesh Shechter, vient couronner la pièce avec toute l’animalité dont est capable le chorégraphe israélien.

Destiné à l’origine à accueillir des jeunes qui ne se destinaient pas forcément à être danseurs, le Groupe Grenade a ainsi réussi à devenir en 20 ans un incubateur de talents, promis manifestement aux plus grands centres chorégraphiques.

 

Guests
Directrice artistique Josette Baïz
Chorégraphies :
Alban Richard, Tricksters
Dominique Bagouet, Déserts d’amour
Emanuel Gat, Brilliant Corners
Hofesh Shechter, Uprising
Lucinda Childs, Concerto
Wayne McGregor, Entity
Rui Horta, Spotlight solo
Répétitrices Élodie Ducasse, Sinath Ouk, Stéphanie Vial
Interprétation 22 danseurs du Groupe Grenade

Du 4 au 8 février 2015 – A 20h30

Théâtre de la Ville
2, place du Châtelet – 75004 Paris
Réservation 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com/

 

 

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