À l'affiche, Critiques // « Genesis » de Sidi Larbi Cherkaoui et Yabin Wang à la Grande Halle de la Villette

« Genesis » de Sidi Larbi Cherkaoui et Yabin Wang à la Grande Halle de la Villette

Déc 03, 2014 | Commentaires fermés sur « Genesis » de Sidi Larbi Cherkaoui et Yabin Wang à la Grande Halle de la Villette

ƒƒ article de Suzanne Teïbi

ansicht_3407© AAP

Chasser la mort

On nous raconte des histoires, sur le plateau de la Nef de la Grande Halle de la Villette. Et on nous les raconte bien. Genesis, ce sont des rencontres et des collaborations artistiques heureuses. Entre deux chorégraphes d’abord : le belge Sidi Larbi Cherkaoui et la chinoise Yabin Wang. Entre leurs compagnies respectives – Eastman et Yabin Dance Studio – et entre des musiciens aux influences et aux instruments multiples : chansons japonaises, tibétaines, congolaises, jouées en live au piano, à la guitare, au tambour indien sur fond de musiques électroniques. Oui les rencontres sont belles.

Sur le plateau à l’univers aseptisé, dans un blanc quasi clinique, des boîtes de plexiglas mouvantes accueillent les sept danseurs, tout de blouses blanches et de masques vêtus, qui vont et viennent, rentrent et sortent, entament une pièce de théâtre chorégraphiée, à la dramaturgie fouillée, autour de la vie, de la mort, et du corps dans tous ses états.

Corps blancs donc, aux blouses qui font d’eux tour à tour des corps soignants, malades, scrutant, s’auscultant les uns les autres, corps qui s’apprivoisent, se jaugent, corps imbriqués à deux, trois, quatre, cinq, six ou même sept, qui se mélangent, forment sous nos yeux comme par une magie soudaine une créature animale, végétale ou cosmique à sept têtes et quatorze mains, avant de s’éloigner, de s’éclater à nouveau dans l’espace.

Grande émotion, et la musique y est pour beaucoup. Jouée en live, elle donne le ton, elle insuffle le rythme du corps – les percussions indiennes sont envoûtantes ici, elles pourraient à elles seules faire basculer le spectacle dans une transe, tant pour les danseurs que pour les spectateurs.

Puis, quand les blouses blanches cèdent la place aux blouses noires, dans une grande délicatesse, la mort apparaît qu’on ne veut pas voir venir. Le corps est pris de spasmes, de sursauts, le corps chasse les mouches comme pour chasser la mort. C’est plein de grâce, c’est plein d’inventivité : la manipulation en chœur qui fait d’un corps de danseuse une marionnette géante, c’est encore la mort qui rôde.

« Je veux partager ces beautés que je découvre » nous dit Sidi Larbi Cherkaoui. C’est chose faite.

Genesis
Chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui
Danseurs Yabin Wang, Qing Wang, Fang Yin, Chao Li, Elias Lazaridis,
Johnny Lloyd, Nemo ‘Levy’ Oeghoede
Musique Olga Wojciechowska
Musiciens Barbara ‘Basia’ Drazkowska, B C Manjunath, Kaspy N’dia, Johnny Lloyd, Kazutomi ‘Tsuki’ Kozuki
Scénographie Liu Kedong
Création lumières Willy Cessa
Création costumes Li Quing

du 1er au 5 décembre 2014 à 21h
20 h tous les jours sauf le jeudi à 19h30

Grande Halle de la Villette
Métro Porte de Pantin

réservations: 01 40 03 75 75
www.villette.com

Tournée
13 et 14 décembre 2014, Monaco Dance Forum
20 et 21 mai 2015, Opéra de Dijon

 

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