Un Fauteuil Pour l'Orchestre – Le site de critiques théâtrales parisien » Frantz, écrit et mis en scène par Marc Granier, La Scala, Paris

À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements // Frantz, écrit et mis en scène par Marc Granier, La Scala, Paris

Frantz, écrit et mis en scène par Marc Granier, La Scala, Paris

Avr 05, 2025 | Commentaires fermés sur Frantz, écrit et mis en scène par Marc Granier, La Scala, Paris

ƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

Comment dire… Frantz est une très belle idée, une très jolie façon de nous faire découvrir une histoire pas très drôle, la mort d’un père et tous les liens et tous les souvenirs qui y sont attachés. Les spectateurs font presque partie de cette aventure qui se développe dans le garage du père, devant son atelier, puis dans d’autres univers. Ils sont cinq pour mettre tout cela en place. Le narrateur, qui nous raconte toute l’histoire de Frantz, de son enfance, de son boulot et des questions qu’il se pose à ce sujet, puis de la mort de son père. Il est sagement dans un coin, tout proche en fait mais donnant avec justesse l’impression d’être au-dessus de tout ce spectacle. Il se rapproche de temps en temps, participant plus nettement encore à ce qu’il rapporte, se mêlant aux autres. Le son naît sur ce qui devait être l’atelier du père de Frantz, sur cette table magique chargée d’une tripotée d’outils de bricolage, de fils de fer, de tissus en tout genre pour la mer, le vent, et bien d’autres choses encore… En arrivant dans la salle, on voit cette petite table et tout ce qu’il y a dessus, dessous, à côté et même avec une imagination folle on se demande comment tout va être utilisé… Les trois reines de la bande-son transforment ces petits éléments, les plus basiques possibles donc, en un univers sonore extraordinaire quasi réel parfois. De vrais oiseaux chantent de temps en temps ? Non, pas du tout, les lèvres de l’une ou l’autre devant nous bougent, discrètement, victorieuses. Puis il y a Frantz, bien entendu, ou plutôt son image, un comédien, le maître principal du mime dans cette aventure.

Tout s’envole merveilleusement, on perçoit l’histoire de ce gamin, la mort de son papa, puis sa découverte douloureuse du monde du travail. Un humour léger… et sonore accompagne complètement tout cela et nous sommes pris, surpris, et très heureux de l’être. La suite de Frantz est plus complexe, et donne l’impression d’avoir ouvert une fenêtre en plein vent et qu’une pile de sujets plus sombres se soit affalée sur scène, prête à rebondir dans tous les sens. Le spectateur ne se sent plus vraiment sûr de rien. Qui est le véritable héros ? Quel âge a-t-il ? Quel message tente-t-il de faire passer ? Son lien avec son père, sa mère ? Est-ce l’histoire d’un môme, bientôt camé et qui risque de mal finir ? Allez savoir et côté spectateur le temps passe, susurre moins sympathiquement que l’heure tourne, cette fois-ci, hélas.

Le narrateur est parfois rejoint dans l’univers de sa voix par celui du son et celui de l’image. Dommage. Les époques se superposent, on ne sait plus trop où l’on est, où l’on va. On est à deux doigts de se sentir perdus. Les petits oiseaux sont là, le vent, les pas, les portes qui s’ouvrent, se ferment, oui, ok et bravo, vraiment un très grand talent de cette équipe qui semble très unie, soudée. Mais il faudrait peut-être tailler, aérer, rendre plus nette cette histoire qui très facilement deviendrait un vrai bonheur. On passe d’un univers resplendissant à du larmoyant multiple qui apporte ennui et lassitude. Du sérieux pourquoi pas, bien entendu, encore une fois ils ont toutes les clés pour parvenir à l’avancée splendide d’un spectacle comme celui-ci, mais on a vite l’impression que cette équipe veut nous faire plaisir et du coup nous offrir tous ces sujets pour nous promener partout, tous le temps, nous toucher, nous faire rire, pleurer, entre les deux, etc. C’est très gentil mais simplement un chemin ou deux et là nous serons à leurs pieds, heureux et ébahis.