© Christophe Raynaud de Lage

ƒƒ article de Hoël Le Corre

1968, Reims, les organisateurs d’un tournoi de football – masculin il va sans dire – cherchent l’attraction qui pourrait ouvrir l’évènement. Après un combat de catch de liliputien.ne.s qui a beaucoup plu l’année précédente, il s’agit de frapper fort, avec une proposition « drôle mais pas que ». Alors, après réflexion, quoi de mieux qu’un match de football… joué par des femmes ! Insolite, cocasse et, comme pour les premières parties musicales qui précèdent les grands concerts, du sport annoncera du sport.

Loin d’un engagement social et politique dans un premier temps, ce n’en n’est pas moins l’idée parfaite pour un match d’exhibition, qui va donner naissance à la première équipe féminine de France. Une petite annonce dans le journal plus tard, et voilà Rose, Marie-Maud, Joanna, ou encore Marinette en short et en baskets à tâter du ballon rond… Et surprise : même si elles ne sont pas toutes aussi bien équipées en vêtements sportifs, elles savent non seulement courir, mais elles commencent à développer la même soif de gagner que leurs homologues masculins !

Entre théâtre et faits réels, Pauline Bureau reprend la véritable histoire de l’équipe féminine de Reims, qui parcourra ensuite les continents pour promouvoir le sport féminin, et deviendra en une dizaine d’années championne du monde. La success story d’une bande de femmes, qui ne cache pas pour autant les difficultés que doit surmonter le « deuxième sexe » à cette époque où les stéréotypes de genre sont encore tenaces. Finalement, cette aventure collective révèle en filigrane le portrait de toute une époque : entre grèves d’usine pour plus d’égalité de salaires, difficiles partages des tâches ménagères et désirs d’émancipation, ces femmes aux profils très divers vont se réaliser à travers la réappropriation de leurs capacités physiques et la découverte de la sororité.

On aurait d’ailleurs parfois aimé que ces portraits de femmes soient plus développés, pour nous les rendre encore plus concrètes qu’elles ne sont déjà attachantes. Tout comme le ton du spectacle, qui, mis à part quelques scènes, reste quasiment toujours joyeux et léger, et manque parfois de relief. Nous aurions pu par exemple vibrer davantage de ce suspens qu’apporte le sport. Il n’en reste pas moins que ce « feel good » spectacle réussi son pari de nous faire connaître l’histoire vraie de ces joueuses reimoises, et de rappeler que même les endroits qu’on croyait les plus éloignés peuvent devenir atteignables grâce au dépassement de soi et à l’esprit d’équipe.

© Christophe Raynaud de Lage

Féminines, par Pauline Bureau

Texte et mise en scène : Pauline Bureau

Dramaturgie : Benoîte Bureau

Scénographie : Emmanuelle Roy

Composition musicale et sonore Vincent Hulot

Lumières : Sébastien Böhm

Costumes et accessoires : Alice Touvet

Vidéo : Nathalie Cabrol assistée de Christophe Touche

Perruques : Cécile Zanibelli et Gaëlle Hausermann

Assistanat à la mise en scène et régie plateau : Léa Fouillet

Régie Générale : Aurélien Bastos

Développement et diffusion : Christelle Longequeue

Administration : Claire Dugot

Chargé de production et logistique : Eulalie Roux

Production : La part des Anges

Coproduction : Comédie de Caen, CDN de Normandie, Théâtre de la Ville, Le Bateau Feu – Scène nationale de Dunkerque, Le Volcan – Scène nationale du Havre, Le Granit – Scène nationale de Belfort avec l’aide à la création du Département de Seine Maritime et le soutien du Fonds SACD Théâtre et avec la participation artistique du jeune théâtre national

Du 14 au 17 mai 2024 à 20h

Durée 2h05

Grande Halle

Parc de la Villette

75019 Paris

Réservations : 01 40 03 75 75

www.lavillette.com

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