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« Falstafe » de Valère Novarina, mise en scène de Lazare Herson-Macarel, au Paris Villette

Avr 17, 2015 | Commentaires fermés sur « Falstafe » de Valère Novarina, mise en scène de Lazare Herson-Macarel, au Paris Villette

ƒƒ  article de Florent Mirandole

 

© Roxanne Kasperski

© Roxanne Kasperski

 

Pleutre, lâche, vantard, voici quelques unes des qualités qui font aimer le personnage de Falstafe. Le personnage de la pièce de Shakespeare Henry IV est devenu à ce point célèbre que de nombreux metteurs en scène et écrivains en ont fait le personnage central de leur pièce. C’est le cas de la pièce du même nom de Valère Novarina, pièce à partir de laquelle le metteur en scène Lazare Herson-Macarel a créé son propre Falstafe. Dès l’ouverture, le compagnon fidèle du jeune Prince Peary, futur Henry IV éclabousse la scène par son exubérance, envahissant la scène avec sa taille pachydermique et l’énergie qu’il consacre à fuir.

Sorte de Gargantua dévoyé, à mi-chemin entre Matamore et Berurier, Falstafe est un concentré de toutes les tares humaines possibles, explique le metteur en scène. Son personnage est toutefois sauvé par son attachement au Prince, ainsi que pour son goût de la chaire et des femmes. Personnage excessif en tout, il est un cadeau pour les metteurs en scène. Lazare Herson-Macarel ne se prive d’ailleurs pas d’exploiter ce potentiel. Empêtré par son poids, éructant de fatigue ou de peur, le personnage obèse court, grimpe et maintient sur scène un rythme effréné à l’aide de ses lâchetés. La pièce est plus globalement une mine d’inventions, de la poubelle rouge d’ouverture d’où sortent les personnages au coucher de soleil peint sur un panneau. Lazare Herson-Macarel se distingue ici autant par sa mise en scène efficace que par son invention plastique.

Falstafe n’en est pas pour autant une gentille farce pour enfants. La pièce de Lazare Herson-Macarel s’est adaptée à un public jeune en simplifiant et resserrant l’intrigue, mais la complexité et la violence shakespearienne restent présentes. La lente initiation du prince, dont la trajectoire va l’amener de la débauche à la respectabilité, soutient largement les épisodes burlesques de Falstafe en intensité et en force. Particulièrement impressionnant dans son double rôle du Prince Henry et d’Henry Percy, le comédien Julien Romelard maintient sous tension toute la scène finale. L’abandon de Falstafe n’en est que plus réussi.

Le metteur en scène n’oublie pas non plus que le comique de Fasltafe ne fonctionne qu’en duo avec le Prince Henry. Ce couple, comme tous les duos, de Don Quichotte et Sancho Panza à Peter Fonda et Dennis Hopper dans Easy Driver, agit comme le révélateur de son époque. La balourdise de l’un souligne la grandeur des idées ou les illusions de l’autre. Ici c’est la question de l’honneur qui est placée au centre, alors que le père d’Henry IV se désole de voir son fils suivre un fanfaron d’opérette. C’est encore l’honneur qui séparera les deux hommes, le pragmatisme de Falstafe s’opposant au code moral ou chevaleresque du futur prince Henry. Ici repose une des ambiguïtés de la pièce, car les idéaux chevaleresques sont de plus en plus remises en cause. Cervantès n’est pas loin. Comme le soulignait le metteur en scène lors de la présentation de la pièce au festival d’Avignon en 2014, l’intérêt de l’œuvre de Shakespeare, c’est son absence de jugement moral. Les enfants décideront.

 

 

Falstafe
Texte Valère Novarina d’après Henri IV de Shakespeare
Adaptation et mise en scène Lazare Herson-Macarel
Scénographie Alice Duchange
Lumière Jérémie Papin
Régie générale Thomas Chrétien
Assistante costumes Anne-Aurélie Pillet
Construction décor Polette Kayser
Accompagnement vocal Antoine Philippot
Conseil percussions Baptiste Chabauty
Stagiaire mise en scène Isham Conrath
Illustration Johan Papin

Avec Joseph Fourez, Julien Romelard, Sophie Guibard, Morgane Nairaud, Philippe Canales en alternance avec Baptiste Chabauty

Mercredi 15 avril à 15h / Vendredi 17 et samedi 18 avril à 19h / Dimanche 19 avril à 16h / Mardi 21 et mercredi 22 avril à 14h30 / Vendredi 24 et samedi 25 avril à 19h

Theatre Paris-Villette
211, avenue Jean Jaurès – 75019 Paris
Réservation 01 40 03 72 23
Métro Porte de Pantin
www.theatre-paris-villette.fr

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