© José Caldeira
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault
FALL. Dans toute sa beauté et sa simplicité. Tomber. Quatre hommes et trois femmes qui « tombent » du ciel donc, où d’autre part, peu importe. De terribles poutrelles métalliques en l’occurrence. Quatre hommes et trois femmes qui s’effondrent, douleur et force présentes tout de même, sans doute ? Sept chutes différentes mais tout aussi vivantes. Douleur et écrasement ? Que veulent dire ces chutes, que veut dire « tomber » ? Tomber amoureux, malade, tomber tout court ? Tomber, la chute ? Leurs corps écrasés, rebondissants. Des idées tout cela. Leurs corps tout simplement ? Celle de l’âme ? Se relever, vibrations ou tremblements ? Seul ? A deux ? Le septième étage, la mauvaise lettre ? Ou bien la rencontre et perdre pieds ? Ou rien de tout cela et simplement la liberté, enfin ? Allez savoir. La lenteur est là, ils vont se relever, se dissimuler parfois derrière cette étrange colline en fond de scène. Revenir. Vivre tout ça seuls, à deux ou plus encore. En sommes-nous certains ? Qu’avons-nous sous les yeux ? Peu importe, c’est le rythme qui nous surprend, le temps qui se délasse et recommence. Le temps tout court, celui qui a épousé le sens.
FALL, le spectacle du chorégraphe Portugais Victor Hugo Pontes est éblouissant, vaste, débordant. De poids tout autant que de légèreté. Une heure dix très périlleuse pour celui qui, rapidement, doit en faire naître un article et le lancer sur internet, quelques lignes qui doivent définir froidement ce qui s’est passé hier soir, le 2 août, dans une des cours du lycée Jacques Decour (après la découverte aussi du splendide travail de Johnny Lebigot, « De la confusion des règnes », qui peut-être, sans le vouloir, nous a déjà introduit dans un autre univers) ? Simplement nous étions tous là, en face, et nous sentions.
FALL, un type de spectacles dont il est difficile, périlleux pourquoi pas, de s’extraire. Un type de spectacles qui creuse en nous, ne nous laisse pas simplement apprécier ces gestes, ces montées, descentes, chutes. Non. Un spectacle qui nous gifle, ou nous traîne vers l’abîme d’où il ne faudrait pas revenir, ou bien tout l’inverse, un spectacle qui nous embrasse, nous enlace et nous emporte. Séduits par ce travail qui nous est offert. Par cette souffrance énigmatique que ces allées et venues tâchent de représenter. Imaginer que c’est de la danse que l’on a sous les yeux. Oui, c’est bien des hommes, des femmes qui dans ce petit coin du 9e arrondissement nous émerveillent. Nous pousseraient presque à tenter une philo quelconque pour ne pas l’avouer. Désarçonnés, bouche bée. Et finir son article les yeux fixés sur les photos qui nous restent ?
© José Caldeira
FALL, direction et chorégraphie de Victor Hugo Pontes
Scénographie F. Ribeiro
Image João Paulo Serafim
Création lumière et technique Wilma Moutinho
Lumières Carlos Ribeiro
Musique originale Rui Lima et Sérgio Martins
Soutien dramaturgique Madalena Alfaia
Interprétation Anaísa Lopes, Ángela Díaz Quintela, António Torres, Daniela Cruz, Deeogo Oliveira, Marco da Silva Ferreira et Valter Fernandes
Du 2 au 4 août 2018 à 22h
Durée 1h10
Horaire d’ouverture du lieu au public : 20h
Restauration possible sur place
Lycée Jacques Decour
12 avenue Trudaine 75009 Paris
Métro Anvers
Festival Paris l’Eté
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