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Être Peintre, d’après la correspondance de Nicolas de Staël, mise en scène de Tatiana Vialle au Théâtre 14 à Paris

Fév 05, 2024 | Commentaires fermés sur Être Peintre, d’après la correspondance de Nicolas de Staël, mise en scène de Tatiana Vialle au Théâtre 14 à Paris

 

© Denise Colomb

 

ƒƒ Article de Sylvie Boursier

Il faut écouter la correspondance de Nicolas de Staël pour réaliser à quel point l’homme aimait écrire. Tatiana Vialle compose un spectacle impressionniste, pas un biopic mais un portrait intime du peintre qui s’exprime par petites touches à travers un choix de lettres éminemment subjectif. Toutes témoignent de sa recherche du geste juste, du renouvellement continu, de sa quête d’espaces nouveaux, de ses rencontres avec des poètes comme René Char, des musiciens comme Stravinsky, des femmes qu’il a adorées. N’importe quel évènement l’inspire même un match de football comme en témoigne Parc des princes, une de ses œuvres majeures.

L’argument dramatique est simple, une jeune peintre se cherche et guidée par son professeur, elle croise la route de Nicolas de Staël. À travers la lecture de ses lettres une transmission s’opère. En contrepoint des lectures, une artiste performeuse au travail réalise en direct, chaque soir, des aquarelles au feutre noir qui seront érigées sur la scène, rendant tangible la création plastique.

La lumière au fort grain noir et blanc éclaire un bureau, des châssis, des pots de peinture, des planches et un écran. Bravo à Christian Pinaud et Stéphane Fritsch pour ces ombres feutrées qui balaient l’atelier silencieux aux antipodes des toiles fulgurantes exposées récemment au Musée d’Art Moderne.

Pari osé de théâtraliser des écrits qui à l’origine ne sont pas faits pour cela même si le style est celui d’un véritable écrivain, et pari réussi. Les comédiens font apparaître très simplement la figure de ce peintre au charisme inouï et on comprend la fascination exercée encore aujourd’hui. Il y avait quelque chose de symbolique dans son habillement, avec cette stature aristocratique, cet air abandonné qui vous regarde de haut, ce visage d’orphelin désarmé. Mathieu Touzet a la verticalité qui convient lorsqu’il se laisse filmer par son élève faisant entendre de mémoire les derniers écrits rédigés à Antibes, d’une voix blanche presque détimbrée. L’émotion passe même si le niveau sonore est peu audible par moments en ce soir de première.

Que vous connaissiez ou non Nicolas de Staël, lâchez prise comme devant les tableaux de Ménerbes ou de Sicile et à la fin de la représentation respirez, n’enchaînez pas immédiatement avec autre chose, lâchez vos SMS. Ensuite lisez Nicolas de Staël et si vous passez par Antibes, arrêtez-vous dans ce musée – vaisseau pierreux au bord de la mer où de Staël peignait seul à la fin de l’aube jusqu’à l’aube ; peindre et écrire, ces deux activités indissociables pour lui se rejoignaient à travers la poésie « je n’ai jamais gâché ma vie, ma seule préoccupation fut et sera toujours de peindre, quel que soit mon été moral et matériel ». Si ce n’est pas une passion fixe, ça y ressemble.

 

© Léa Mazzoni

 

Être Peintre d’après la correspondance de Nicolas de Staël

Mise en scène de Tatiana Vialle, assistée de Léa Mazzoni

Scénographie performée de Juliette Baigné

Lumière de Stéphane Fritsch et Christian Pinaud

Musique de Dominique Mahut et Sébastien Moreaux

Avec Mathieu Touzé et Selma Bello
Durée : 1h15

Jusqu’au 10 février du mardi au vendredi à 20h, samedi à 16h

 

Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris

Le 10 février au Théâtre 14 à 14h rencontre avec Pierre Watt, commissaire de l’exposition Nicolas de Staël au musée d’Art Moderne.

 

Réservation :

01 45 45 49 77

www.theatre14.fr

 

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