ff  article de Denis Sanglard

© Valentino Saldivar

Le Chili pendant la dictature militaire de Pinochet. Un groupe d’opposants, résistants gauchistes, reçoit une formation paramilitaire clandestine pour tenter de renverser le dictateur. Guillermo Calderon s’inspire des cahiers d’instruction paramilitaire, courant à l’époque, et c’est presque littéralement qu’il met en scène ce cours où les armes sont maniées presqu’aussi maladroitement que les idées. C’est d’ailleurs cette maladresse et même la banalité des comportements dans ce contexte ne l’étant pas qui est troublant. Ce ne sont pas des héros malgré leur engagement. Ou bien de façon involontaire. Il y a même une certaine naïveté qui apporte un humour singulier. On rit franchement parfois de la gaucherie de ses futurs soldats clandestins. Avant de s’en émouvoir devant la perspective d’une lutte inégale et sans avenir réel comme l’explique avec beaucoup de lucidité un des personnages. Un décalage propre à la réflexion où émargent très vite les paradoxes et les ambiguïtés de la situation. Tant présente qu’à venir. Guillermo Calderon signe une mise en scène linéaire, claire, livre une situation brute, un instant donné, sans engagement apparent, mais avec une perspective naturaliste qui lève avec intelligence les obstacles propres à tous clichés afférents. Non, là, les personnages, tous encagoulés jusqu’à la fin, sont interchangeables, on ne sait rien vraiment de leur histoire, à peine quelques bribes évoquées de façon indirecte, leurs comportements ne révèlent rien non plus de leur caractère. Neutralité apparente et logique dans ce contexte de clandestinité qui transforme chacun de ses combattants en fantômes où la situation suffisamment explicite se suffisant à elle-même n’est qu’un leurre. Elle permet une troublante projection du spectateur qui se trouve en quelque sorte formé à son tour. Le malaise nait de là sans doute, non dans le but des apprentis résistants, ni du contexte historique, mais dans l’utilisation possible d’une telle instruction aujourd’hui.

Escuela
Texte, dramaturgie et mise en scène de Guillermo Calderon
Assistante à la mise en scène, Maria Paz Gonzales
Décor, Loreto Martinez
Arrangements musicaux, Felipe Borguez
Avec Luis Cerda, Camilla Gonzales, Andrea Giadach, Francisca Lewin, Carlos Ugarte
Du 8 au 17 janvier 2015 à 20h30
Jeudi 15 janvier à 19h30
Relâche mercredi et dimanche

Théâtre de la Cité Internationale (avec le Théâtre de la Ville)
17bd Jourdan – 75014 Paris
Réservation 01 43 13 50 50
www.theatredelacite.com

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