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Empty moves (parts I, II & III), de Angelin Preljocaj au Théâtre de la ville

Fév 18, 2015 | Commentaires fermés sur Empty moves (parts I, II & III), de Angelin Preljocaj au Théâtre de la ville

ff article de Florent Mirandole

 

 © Jean-Claude Carbonne


© Jean-Claude Carbonne

 

15 minutes. C’est le temps qu’ont attendu les spectateurs du Teatro Lirico de Milan pour siffler la représentation de « Empty words » réalisée par John Cage en 1977. Passé ce bref silence, rien n’arrive plus à calmer les fureurs du public, alors que John Cage continue vaille que vaille à ânonner un texte de Henry David Thoreau qu’il décompose mot à mot. C’est sur l’enregistrement sonore de ce spectacle que le chorégraphe Angelin Preljocaj a tissé une pièce forte et épurée.

L’épure est peut être ce qui retient d’abord l’attention. Avec rigueur, voire avec une certaine froideur, insensibles aux cris et aux applaudissements ironiques, deux couples interprètent pendant 1h45 et sans interruption une chorégraphie extrêmement physique et tout en précision. Artiste habitué à mêler les arts entre eux, Angelin Preljocaj revient ici à une forme quasi primitive de sa discipline, où seule la danse est visible sur scène. En l’absence de décor et musique, c’est l’occasion d’admirer l’incroyable originalité du chorégraphe. Chaque geste devient un événement physique et chaque mouvement est une surprise. Ainsi les duos se dansent souvent sur le sol et les sauts les plus classiques sont détournés en plein vol. Le parallèle avec Cage est ici frappant, le musicien et le chorégraphe remontent tout deux aux racines de leur art, aux sources de leur langage.

Si leur démarche semble effectivement se rejoindre, la rencontre de leurs deux pièces peine toutefois à produire une œuvre commune. D’abord parce que l’écoute de cette salle en fusion, chantant, criant et arrachant le micro au son de « vergogna ! vergogna ! » » est un spectacle en soit, faisant régulièrement perdre le fil de ce qu’il se passe sur scène. Ensuite parce que la rencontre d’Empty words et d’Empty moves fait apparaître des styles trop différents. Autant Cage donne de la place au hasard et à l’imprévu dans son interprétation, autant Preljocaj donne ici un récital de toute sa maitrise chorégraphique, faite de racines classiques et d’exigence physique. Peut être que le chorégraphe a choisi cet accompagnement sonore d’abord pour tourner en dérision la rugosité du public italien.

Dans ce dernier cas les deux pièces se rejoindraient dans leur capacité à provoquer les foudres d’une partie du public, tant les spectateurs du théâtre de la ville ont été nombreux à partir avant la fin. Pourtant Empty moves reste une expérience intense, où la danse nous est montrée sans fard ni paillette, comme mise à nue.

 

Empty moves (parts I, II & III)
De Angelin Preljocaj
Création sonore John Cage, Empty words, remerciements à Goran Vejvoda
Choréologue, assistante répétitrice Dany Lévêque
Direction Nicole Saïd
Direction technique Luc Corazza
Régie générale & son Guillaume Rouan
Avec (en alternance) Virginie Caussin, Natacha Grimaud, Nuriya Nagimova, Yurié Tsugawa, Fabrizio Clemente, Baptiste Coissieu, Sergio Diaz, Yan Giraldou

Du 17 au 28 février 2015 à 20h30

Théâtre de la ville
2 place du châtelet – 75001 Paris
M° Châtelet
Réservation 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com

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