À l'affiche, Critiques // Eléphants, d’après Le Discours de la Servitude volontaire d’Etienne de La Boétie, adaptation et mise en scène Ludovic Pouzerate à la Maison des Métallos

Eléphants, d’après Le Discours de la Servitude volontaire d’Etienne de La Boétie, adaptation et mise en scène Ludovic Pouzerate à la Maison des Métallos

Juil 11, 2018 | Commentaires fermés sur Eléphants, d’après Le Discours de la Servitude volontaire d’Etienne de La Boétie, adaptation et mise en scène Ludovic Pouzerate à la Maison des Métallos

© Sylvain Vesco

Article de Victoria Fourel

 

C’est une performance apéro, littéraire et musicale, un moment entre conférence, cours pour les autres et débat pour soi. Une traduction moderne du texte d’Etienne de La Boétie, et une restitution de son contenu et de sa force. Restitution, récitation, interprétation, le travail de Ludovic Pouzerate s’apparente à toutes ces choses. Transmettre dans sa simplicité toute une thèse, toute une philosophie, dans un moment de théâtre et de convivialité.

Le sujet de ce Discours, c’est la propension du peuple à se laisser gouverner, et ensuite à se laisser enfermer par ses maîtres, et à réclamer, même, la servitude. L’habitude serait le premier facteur de l’enfermement d’un peuple. C’est un sujet éternel et troublant tant on en est conscient tout en étant victime. La tension monte d’ailleurs au fur et à mesure dans la voix du comédien. Il s’agit d’une rencontre ou plutôt de retrouvailles avec ce discours, et nous ne sommes pas vraiment face à une transformation du texte sur le plateau. Il est déposé et dit sur la scène, mais libre à chacun de voir le réel apport de la représentation. On peut tout à fait trouver que le jeu et la diction, pas très théâtraux en l’occurrence, n’apportent rien à un discours qui ne touche pas toujours sa cible.

Une chose, notamment, nous empêche d’être captés, c’est que le spectacle a du mal à trouver son ton. Sans effets de mise en scène et sans intrusions de personnages, attablés autour d’un verre, le spectacle fait clairement penser à une conférence, une rencontre. Mais le regard de Ludovic Pouzerate ne nous accroche jamais vraiment, et il ne s’arrête pour nous parler que rarement au cours du spectacle. Il n’est pas rare qu’il semble captivé par son propos, qu’il ralentisse le débit pour être compris, mais notre regard reste oublié et le rythme, didactique sans être vraiment parlé et concret, ne rend pas le tout énergique et moderne.

La musique de Besoin Dead, qui accompagne tout le texte de La Boétie, fait un bel écrin pour ses mots, et quelques moments sont très parlants, délicats et on sent la maîtrise que nécessite ce numéro de musicien. On prend d’ailleurs plaisir à l’écouter à le regarder ajuster sa performance sur celle de son partenaire. Dommage que le lien entre les deux et nous soit aussi distendu. On a vraiment la sensation qu’entre objet scénique hyper exigeant et conférence didactique, le mélange n’a pas pris. Un problème d’adresse et de concret, pour accrocher le public et aller au-delà d’un propos, qui, s’il est complètement actuel et troublant à notre époque, ne tient pas le plateau sur une heure de spectacle.

Cette interprétation de philosophie manque d’ampleur et de théâtralité, et ne transforme pas l’essai en une vraie pièce, comme par manque de décisions tranchées. A l’époque où la Coupe du Monde rassemble bien davantage les foules que les grandes décisions de nos gouvernants, se rappeler de ce que disent les sages à une grande valeur. Reste maintenant à en faire un vrai spectacle prenant et surprenant.

 

 

Eléphants d’après Le Discours de la Servitude Volontaire d’Etienne de La Boétie

Adaptation, réécriture et mise en scène  Ludovic Pouzerate

Musique  Besoin Dead

Collaborations artistiques  Etienne Parc, Karine Sahler

Régie son et lumière  Fourmi

Avec  Ludovic Pouzerate et Besoin Dead

Du 10 au 13 juillet 2018, du mardi au vendredi à 19h

 

Maison des Métallos

94 rue Jean-Pierre Timbaud

75011 Paris

Réservation 01 48 05 88 27

http://www.maisondesmetallos.paris

 

 

 

 

 

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