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Einstein on the Beach, opéra de Philip Glass, conception de Suzanne Kennedy et Markus Selg, Grand Halle de la Villette Festival d’Automne à Paris

Nov 25, 2023 | Commentaires fermés sur Einstein on the Beach, opéra de Philip Glass, conception de Suzanne Kennedy et Markus Selg, Grand Halle de la Villette Festival d’Automne à Paris

 


© Ingo Hoehen

 

Article de Denis Sanglard

Suzanne Kennedy et Markus Selg s’attaquent à L’« anti-opéra » Einstein on the Beach qui associait le compositeur Philip Glass au metteur en scène Robert Wilson. Mise en scène minimaliste pour une œuvre minimaliste, ce furent des épousailles parfaites, une osmose entre les deux univers qui n’en faisait plus qu’un, le rêve d’une œuvre d’art totale. Pas vraiment le cas ici où à la scansion répétitive, récurrente et minimalisme de Philip Glass répond un véritable foutoir et qu’on me pardonne cette trivialité. Dans un décor aux couleurs acidulées et pop, impression prégnante d’un trip psychédélique et qui ne déparerait pas dans une série Z de science-fiction, effet voulu puisque nous sommes ici en principe projeté dans un monde post apocalyptique, une humanité vaque.

Certes, mais cette scénographie, aussi monumentale et impressionnante soit-elle, qui nous en jette plein les mirettes, fait franchement cliché. Le public invité sur le plateau, lequel tourne lentement, va et vient entre la salle et la scène vite envahie. C’est un peu la cohue et pour avoir une vue d’ensemble c’est raté, celle-ci brouillée par cette gesticulation incessante. Au milieu de cette foule ravie de l’occasion se frayent les interprètes s’adonnant à d’étranges cérémonies, danses et rituels chamaniques jusqu’à la transe. Seul le chœur ne bouge pas, hiératique. Il s’en dégage l’impression étrange d’un total contre-sens à l’écoute de la musique de Philip Glass. A la rigueur de celle-ci répond le vide (ou le trop-plein ?) d’une proposition qui masque à peine son impuissance à être en harmonie avec cette partition rigoureuse et mathématique ou une volonté délibérée de s’en détacher par un maelström visuel qui lasse très vite. Passé la première demi-heure cela tient plus du remplissage qu’autre chose et tourne à vide. Il faut faire, faisons, remplissons. Avec ça une indigence des chorégraphies qui là-aussi participent d’un mauvais trip, des déplacements qui ne se justifient pas, et des corps comme absents à eux-mêmes dans la banalité de leurs actions. Quelques chèvres enfin donnent un peu d’humanité. Ni Suzanne Kennedy, ni Markus Selg ne font preuve de modernité, ils ont simplement l’avantage de la technologie qui déborde de tous côtés. Cela ne suffit pas à faire mise en scène et tient davantage de l’installation. Etrangement et par bonheur la musique de Philip Glass résiste, mieux même elle accuse sa révolutionnaire et toujours modernité donnant déjà un sacré coup de vieux à cette mise en scène artificielle. Et que les interprètes, l’ensemble vocal Basler Madrigalist et l’ensemble Phoenix Basel, la violoniste Diamanda Dramm (une vraie découverte !), dirigés par André Ridder me pardonnent de ma sévérité qui sont dans ce voyage spatio-temporelle immersif en panne, tous excellents (soutenus par une spatialisation sonore remarquable).

 

© Ingo Hoehen

 

Einstein on the beach, opéra en quatre acte de Philip Glass et Robert Wilson

Conception de Suzanne Kennedy et Markus Selg

Mise en scène : Suzanne Kennedy

Scénographie : Markus Selg

Chorégraphie : Ixchel Mendoza Hernández

Dramaturgie : Meret Kündig

Adaptation du livret : Suzanne Kennedy, Richard Alexander

Interprètes : Suzan Boogaert, Tarren Jonhson, Frank Willens, Tommy Cattin, Dominic Santia, Ixchem Mendoza Hernández

Violon Solo : Diamanda Dramm

Soprano Solo : Álfheidur Erla Gudmondsdottir, Emily Dilewsky

Alto solo : Sonja Koppelhuber, Nadja Catania

Orchestre : Ensemble Phoenix Basel

Direction musicale : André de Ridder, Jürg Henneberger

Directeur artistique de l’ensemble  vocal Basler Madrigalisten : Raphael Immos

Ensemble vocal : Vivianne Hasler, Daniel Issa, Schoschana Kobelt, Leslie Leon, Anna Miklashevitch, Viola Molnar, Tiago Mota, Breno Quindere, Barbara Schingnitz, Patrick Siegrist, Othmar Sturm, Christopher Wattam

Costumes : Teresa Vergho

Lumières : Cornelius Hunziker

Création sonore : Richard Alexander Building / Train Andi Toma (mouse on Mars)

Son : Robert Hermann

Vidéo : Rodrick Biersteker, Markus Selg

 

Du 23/11 au 26/11 2023 à 19h

Le dimanche à 16h

Durée 3h30

 

Grande Halle de la Villette

211 avenue Jean-Jaurès

Parc de la Villette

75019 Paris

 

Réservations : 01 40 03 75 75

www.lavillette.com

 

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