© Michel Cavalca
ƒƒƒ article de Victoria Fourel
Dunsinane, c’est le sequel, comme dirait le cinéma. C’est reprendre Macbeth où Shakespeare s’était arrêté. Le tyran est défait, son épouse aussi, et il est maintenant question de gouverner. Apporter ou rapporter la paix aux tribus écossaises, placer un roi sur le trône. Mais est-ce même possible ? Ne serait-ce pas la guerre, finalement, l’état naturel des choses ?
Ce spectacle s’emploie à une fresque des collines écossaises, et prend le pli de la modernité, de l’épique. Décors mouvants en métal, présence permanente du groupe, qui entraîne l’action, chants et musique mystérieuse nous emmènent dans cette lutte pour la paix et pour le pouvoir. C’est beau et très chorégraphié, l’aspect collectif est prégnant.
Et c’est notamment parce que le thème du collectif est abordé tout au long du spectacle, devenant même un thème capital. On parle des générations entières de jeunes hommes avalés par les conflits entre les nations, on parle des peuples qui peinent à s’entendre de par leurs clans et leurs allégeances… Ici, on parle de la foule entraînée dans les conflits, dans la fragilité des hommes, même les plus forts et les plus virils. On parle de tout cela plus que d’une époque en particulier.
Il est enrichissant de tenter de « répondre » à Shakespeare. Non pas que ce soit nécessaire, mais c’est un exercice d’écriture et de scène intéressant. Est-ce vraiment la continuité ou bien une confrontation entre le passé et le présent ? C’est exactement la situation présentée par Dunsinane : Siward, général qui mène la guerre en Écosse, cherche à mener une guerre honnête, propre. Une guerre qui ne détruira pas les peuples écossais mais apportera la paix. Continuité, donc. Mais bien sûr, il n’existe pas de guerre propre. Confrontation.
Le niveau de jeu est haut chez tous les comédiens, qui trouvent la juste proportion de narration, de pédagogie, même, pour faire entendre l’intrigue. Sans pour autant faire une croix sur la rapidité, le décalage, l’humour. Même si le dernier quart percute moins que tout le reste, l’ensemble est maîtrisé et surtout cohérent, à la fois dans l’époque qui est tracée et dans le théâtre contemporain.
© Michel Cavalca
Dunsinane, texte de David Greig
Mise en scène Baptiste Guiton
Scénographie Quentin Lugnier
Lumières Sébastien Marc
Création sonore Sébastien Quencez
Costumes Aude Desigaux
Régie générale et régie son Cédric Chaumeron
Avec Gabriel Dufay, Vincent Portal, Pierre Germain, Luca Fiorello, Logan de Carvalho, Clara Simpson, Tommy Luminet, Tiphaine Rabaud-Fournier, et les élèves de seconde année d’Arts en Scène Clément Bigot, William Burnod, Tom Da Sylva, Ludovic Payen, Léo-Paul Zaffran
Du 23 janvier au 8 février 2020
Les mardis, mercredis et vendredis à 20 h 30, les jeudis à 20 h,
les samedis à 18 h 30 et les dimanches à 16 h
Durée 2 h 10 environ
TNP
8 place Lazare-Goujon
69100 Villeurbanne
Réservation au 04 78 03 30 00
www.tn-villeurbanne.com
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