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Drugs kept me alive, de Jan Fabre, au Théâtre de la Bastille

Mar 21, 2016 | Commentaires fermés sur Drugs kept me alive, de Jan Fabre, au Théâtre de la Bastille

ƒ article de Florent Mirandole

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© Wonge Bergmann

Entouré par des rangées de flacons remplis de pilules, le danseur Antony Rizzi revient pendant une grande heure sur son rapport aux substances psychotropes qu’il a ingurgité tout au long de sa carrière. Entouré, conforté, emprisonné par ces centaines de flacons, le danseur décrit dans les détails son lien paradoxal avec ces drogues, tour à tour néfaste et salutaire, libérateur et mortifère.

La narration suit les errances psychotropes du danseur. Rien de linéaire donc, mais une suite d’épisodes poétiques ou scabreux, où les souvenirs cotonneux se mélangent à des intermèdes publicitaires imaginaires. La mise en scène est efficace. Le cadre intime dessiné par les rangées de flacons crée tout de suite une proximité avec le public. Et la disposition des flacons tout autour du plateau permet au danseur de sauter au hasard d’une substance à l’autre. Le danseur égraine ainsi au gré de ses réminiscences les différents effets secondaires et autres réflexions artistiques que lui inspire le sustiva, ou encore la kétamine.

On pourrait craindre une plongée facile dans l’univers incohérent des drogues et autres élucubrations psychédéliques. Le spectacle enchape au piège. Bien entendu le danseur revient sur ces quelques épisodes où la drogue l’emmène fréquenter les affres de l’extase, le rapproche du divin, avant de le plonger brutalement dans une déchéance psychique et physique. Mais la réflexion aborde aussi le rapport du danseur au monde surnaturel que lui ouvrent les pilules rondes. Comment renoncer à l’horizon infini de la connaissance, de la liberté et de l’extase ? A mesure que l’âge progresse, la drogue ne se transforme-t-elle pas en un médicament ? Les pilules disposées autour du plateau sont finalement le point de départ d’une réflexion plus spirituelle sur l’humain et la tentation de la connaissance et de l’immortalité.

On ne suit pas forcément tout le temps le danseur dans ses énumérations psychotropes. Peut-être parce que le discours intime, rédigé par Jan Fabre, tient à distance les spectateurs qui n’auraient jamais eu une consommation industrielle de viread ou d’emtriva. Aussi parce que les quelques images frappantes dessinées par le texte se perdent souvent dans un discours embrouillé et décousu. Mais cette plongée dans l’inconscient du grand metteur en scène reste inventive et intéressante, à défaut de passionner.

Drugs kept me alive
Texte, mise en scène et dramaturgie Jan Fabre
Performance Antony Rizzi.
Dramaturgie Miet Martens.
Musique Dimitri Brusselmans
Costumes Andrea Kränzlin.
Régisseur général Geert Van der Auwera.
Régisseur Tim Thielemans.
Régisseur Geert Van der Auwera.

Du 15 au 19 mars à 20h
Relâche le 17 mars
Durée 1 h 10
Spectacle en anglais surtitré en français

Théâtre de la Bastille
76, rue de la Roquette – 75011 Paris
Métro Bastille (ligne 5,1,8)
Réservation 01 43 57 42 14
www.billetterie.theatre-bastille.com

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