À l'affiche, Critiques // Douce amère, de Jean Poiret, mise en scène Michel Fau, au Théâtre des Bouffes Parisiens

Douce amère, de Jean Poiret, mise en scène Michel Fau, au Théâtre des Bouffes Parisiens

Jan 30, 2018 | Commentaires fermés sur Douce amère, de Jean Poiret, mise en scène Michel Fau, au Théâtre des Bouffes Parisiens

 


ƒ Article de Victoria Fourel

Elisabeth et Philippe se sont aimés huit ans, et il est temps. Il est temps que cela se termine, l’amour s’étiole et se ternit. Fasciné par le manège des prétendants qui gravitent autour de son presque ex-amour, il est soucieux de rester maître de la situation. Il assiste à cette fin, cynique, face à une Elisabeth éprise d’une liberté nouvelle. Liberté toute relative, comme toujours en amour.

Dans cette comédie surannée, c’est la verve et les bons mots qui accrochent notre oreille dès le départ. La pièce est traversée par une ironie et par un plaisir de la joute assez jouissifs. Les comédiens s’en amusent, et même s’ils peinent parfois à être dans le juste, tentés par le surjeu, ils sont dans le bon rythme. Michel Fau survole le tout, dans ce rôle taillé pour lui, excessif, malin, décalé. Les autres comédiens masculins ne tiennent pas complètement la comparaison, mais Mélanie Doutey papillonne avec talent, à la fois insupportable, sensuelle, et intelligente. Un casting qui ne démérite pas, donc, dans l’ensemble.

Tout le défi d’adapter les succès comiques des grands du rire réside à la fois dans le fait d’en respecter le tact et l’écriture, mais de les rendre audibles à notre époque. Ici, on sent que la part belle a été faite à la première exigence. Les personnages sont dessinés avec talent, mais quelque chose dans ces années 1970 de télévision ne colle pas. Le décor est un peu massif, et l’on ne parvient pas à trancher entre hommage haut en couleurs et kitsch facile.

Au début du spectacle, on voit un décor conçu comme un ilot central sur scène, mouvant et tournant, qui ne cessera d’évoluer tout au long de la pièce, comme les amants qui tournent inlassablement autour d’Elisabeth, qui elle-même tournera en rond dans son appartement et dans sa tête. Belle image, qui malheureusement, ne tient pas la longueur. A chaque fin de scène, les comédiens tiennent la pose, la lumière diminue, ils dégagent le plateau, les applaudissements naissent et enfin ils s’installent pour la scène suivante, sur un fond musical thématique. Alors que la mise en scène des échanges eux-mêmes est vive, les transitions sont répétitives et ne rendent pas justice justement à ce décor dynamique. L’on pourrait imaginer ces transitions musicales en lumière, avec des comédiens à vue, emportés par le décor, comme trainés malgré eux vers leur prochaine histoire, leur prochaine bagarre.

Divertissant moment au classicisme assumé, Douce-Amère ne change pas la donne des comédies de mœurs portées par des castings étoilés, et aurait pu complètement le faire en créant la surprise dans les choix de mise en scène, et peut-être en centrant moins le spectacle sur ces stars que sur son histoire, profonde et actuelle sans y paraître.

Douce amère

Texte Jean Poiret
Mise en scène Michel Fau

Avec Mélanie Doutey, Michel Fau, David Kammenos, Christophe Paou et Rémy Laquittant

Décors Bernard Fau et Natacha Markoff
Lumière Joël Fabing
Costumes David Belugou

Du 2 janvier au 22 avril 2018, du mardi au samedi à 21h et en matinée le samedi à 16h30 et le dimanche à 15h.

Théâtre des Bouffes Parisiens
4 rue Monsigny
75002 Paris

Réservations 01 42 96 92 42
www.bouffesparisiens.com

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