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Dicklove, de Juglair, au Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon

Sep 21, 2023 | Commentaires fermés sur Dicklove, de Juglair, au Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon

 

© Fabien Buring

 

ƒƒ article de Victoria Fourel

« Je me souviens », lance-t-elle. Ça commence comme une main qui se tend. Pour dire qu’on a toujours aimé et moqué sa force, sa stature. Qu’elle s’est toujours empêchée pour ne pas diminuer les garçons, qui sont si vite fragiles. Et puis Juglair, en passant une tenue beige entre le sous-vêtement et la tenue de gym, devient homme. Ou peut-être pas ? C’est tout le jeu de ce cabaret fluide dans son genre.

Au cours de cette heure de spectacle, la comédienne circacienne choisit sa discipline de prédilection, le mât chinois, pour pointer du doigt une contradiction. Cette barre qui se dresse est tantôt instrument de force quand elle est pratiquée par des hommes, tantôt objet d’hyper-sexualisation quand c’est une femme qui s’essaie au pole dance. Qu’est-ce qui fait que notre regard change ? Qu’est-ce qui fait l’homme et la femme dans le mouvement, dans le déplacement, pour que cela nous dérange tant lorsqu’on le modifie ? La présence de Juglair réussit parfaitement ce tour de force : « devenir » en quelque sorte homme et femme, osciller, chercher ce qui fait l’un ou l’autre, et aussi parler de son propre corps. Trop puissante pour être femme, est-on vraiment une femme ?

Ce cabaret techno et complètement dans l’air du temps passe d’un numéro à l’autre, d’images ultra féminines à ultra viriles, d’envols très beaux au mât à des chansons qui scandent un besoin d’être à la lisière de tout. La recherche corporelle autour de la posture et de la barre pose vraiment quelque chose de très impressionnant. On est moins convaincu par les parties qui chantent les difficultés de la reconnaissance d’un genre, ou plutôt d’un non-genre, qui égraine de façon un peu appuyée un champ lexical. Il y a du panache dans ces costumes, dans la présence d’artistes qui s’amusent des codes, mais cela devient presque conventionnel dans le fait de ne pas l’être.

De la même façon, vu le travail de corporalité et d’observation, on aurait eu envie de plus de facettes du masculin et du féminin, plus de passages au mât, qui finalement, n’est pas au centre des trajectoires des personnages qui apparaissent et disparaissent. Le spectacle devient davantage un manifeste pour la liberté de s’affranchir des lignes droites. Et même si c’est pertinent, enlevé, énergique, on perd de l’imaginaire et de la poésie de ce corps qui n’avait parfois pas besoin d’en dire plus.

 

© Fabien Buring

 

 

Dicklove, de Juglair

Création avec Juglair, Lucas Barbier

Regards extérieurs, Dramaturgie Claire Dosso, Aurélie Ruby

Lumière Julie Méreau

Costumes Léa Gadbois-Lamer

Avec Juglair et Lucas Barbier

 

Du 20 au 23 septembre 2023

Parvis du Théâtre de la Croix-Rousse
Durée 1 h

 

Théâtre de la Croix-Rousse

Place Joannès Ambre

69004 LYON

Réservation au 04 78 03 30 00

www.tnp-villeurbanne.com

 

 

 

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