À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements, Festivals // Détaché.e.s, de Manon Thorel, mis en scène par Stéphanie Chêne, Yann Da Costa, Manon Thorel, 11.Avignon, Festival d’Avignon (Off)

Détaché.e.s, de Manon Thorel, mis en scène par Stéphanie Chêne, Yann Da Costa, Manon Thorel, 11.Avignon, Festival d’Avignon (Off)

Juil 13, 2021 | Commentaires fermés sur Détaché.e.s, de Manon Thorel, mis en scène par Stéphanie Chêne, Yann Da Costa, Manon Thorel, 11.Avignon, Festival d’Avignon (Off)

 

© Arnaud Bertereau

 

ƒƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia

Détaché.e.s est un véritable coup de cœur dans le off. C’est une pièce courageuse, au propos exigeant, jouée à une heure tardive et qui dans la jungle concurrentielle d’Avignon, ne se met pas dans la facilité.

A l’arrivée des spectateurs, un face à face est déjà en place sur le plateau. Un jeune homme à jardin, une femme, semble-t-il âgée, à cour. Ils sont assis, s’observent, se mesurent, se reniflent presque. Et la joute verbale commence. On ne comprend pas tout, tout de suite, juste l’essentiel. On est au parloir. Jean est en prison depuis longtemps, sa mère qui lui fait face lui rend sa première visite en 12 ans. Il a attendu ces 12 années et n’en fait pas reproche, du moins au début. Car il attend cette mère comme on attend Noël. Plein d’espoir et plein d’amour, espérant en recevoir enfin.

C’est une pièce sur l’amour. Mais l’amour manqué, l’amour violent, l’amour tronqué. L’amour de ceux qui ne savent pas aimer.

C’est une pièce sur la violence. La violence conjugale, la violence familiale, la violence sociale.

C’est une pièce sur le détachement. Le détachement affectif, le détachement sociétal, le détachement psychique.

Après les retrouvailles manquées entre un fils et sa mère dont le détachement s’était construit au fil des années, on remonte dans le temps, celui de l’enfance, passée à se protéger des crises de Claude la mère subissant la violence de Michel le père, l’adolescence fuyant toute relation affective, la vie amoureuse prometteuse de jeune adulte, mais vite anéantie par si ce n’est la conjuration familiale, le dérangement de la mère et la reproduction de la sauvagerie paternelle.

La pièce n’offre pas de répit. Elle n’offre pas vraiment d’espoir non plus. L’inventive et très élaborée mise en scène, extrêmement dynamique et même enjouée, permet le temps du spectacle de recevoir un message qui est de fait d’une grande noirceur, qui poursuit le spectateur une fois sorti dans les rues désertées du centre-ville. Certes, ce n’est pas un spectacle pour tous les spectateurs. C’est un spectacle qui se mérite, que les festivaliers venus à Avignon pour assister à un vrai moment de théâtre doivent placer dans leur programme. Les comédiens sont en outre excellents, en particulier Bryan Chivot dans le rôle de Jean, totalement habité par son rôle.

On apprendra après la rédaction de cette critique que la pièce est notamment le résultat de rencontres avec des détenus et d’un travail d’ateliers en prison.

 

© Arnaud Bertereau

 

Les détaché.e.s de Manon Thorel

Mise en scène Stéphanie Chêne, Yann Dacosta, Manon Thorel

Avec : Stéphanie Chêne, Bryan Chivot, Jade Collinet, Yann Dacosta Aurélie Edeline, Martin Legros

Chorégraphie Stéphanie Chêne

Création lumière Sam Steiner

Création sonore Mathieu Leclere

Scénographie et construction Grégoire Faucheux et Olivier Leroy

Costumes Elsa Bourdin

Régie générale Marc Leroy

 

Durée 1 h 30

 

Jusqu’au 29 juillet à 22h15

Relâche les 19 et 26 juillet

Tournée en 2022 à Evreux-Louviers, Mont-Saint-Aignan, Canteleu, Mondeville, Saint-Valery-en-Caux, Dieppe

 

Festival d’Avignon – Off

 

11.Avignon

Salle 3

11 boulevard Raspail

84 000 Avignon

www.11avignon.com

 

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed