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De Profundis, d’Oscar Wilde, mise en scène Bruno Dario à l’Albatros, Festival d’Avignon Off  

Juil 11, 2022 | Commentaires fermés sur De Profundis, d’Oscar Wilde, mise en scène Bruno Dario à l’Albatros, Festival d’Avignon Off  

 

 

© Philippe Hanula

 

ƒ article de Victoria Fourel

Depuis sa prison, Oscar Wilde dépérit, voyant disparaître l’homme qu’il était. Disparaissent doucement la légèreté, l’esprit, le feu. Autorisé à écrire, il se lance dans une lettre fleuve, à l’intention de son amant, celui à cause duquel il est en prison. Il y parle d’eux, de leurs aventures communes, des trahisons des uns et des autres, et de l’amour. De l’amour depuis les profondeurs.

On est dans une intimité sombre, dans un coin de la vie d’Oscar Wilde. Josselin Girard est immensément seul sur un plateau presque nu, où la lumière est basse, créant rapidement l’atmosphère de la cellule. L’effet est plutôt réussi, et donne de beaux moments où le visage de l’acteur sort soudain de l’ombre, dans un jeu de clair-obscur intéressant. Mais dans le même temps, on perd un peu des expressions et de notre capacité à être complètement investi.

Tout repose donc sur le texte, sur la voix, sur ce qui nous parviendra. Et c’est une très belle chose que de donner à entendre De profundis. C’est beau, terriblement intime, dans une forme de désespoir qui ne parvient pas à perdre parfaitement espoir. En scène, c’est une rencontre nouvelle avec l’auteur grâce à une voix et à une présence forte.

La direction choisie pour la mise en scène est une espèce de long tunnel. Le comédien est complètement engagé, tout est scandé, projeté, adressé à l’ex-amant, le rythme est soutenu, la lettre n’est plus que monologue. Chacun pourra y trouver son compte, ou non. On peut trouver que la fragilité est présente dans le souffle, dans le corps, dans la souffrance apparente, mais qu’il manque une forme de relâchement, de fatigue, de tranquillité, presque, après les épreuves. Il manque l’âge de Wilde, l’âge qu’il prend à toute vitesse depuis sa prison. Et peut-être le côté parlé, le côté incroyablement actuel de l’écriture de Wilde, qui ne transparaît pas toujours ici.

De Profundis est une œuvre à part, dans laquelle Wilde parle de l’amour comme de la seule voie, la seule qui doit rester. Et on est souvent touché par ce texte qui parle finalement d’un homme qui tente de ne garder que l’amour. Le public est fidèle au rendez-vous de Wilde et de la mise en scène de la Compagnie des Perspectives, faisant vivre et revivre ces mots de l’intérieur.

 

© Philippe Hanula

De Profundis d’Oscar Wilde

Mise en scène de Bruno Dairou

Lumières : Arnaud Barré

Avec Josselin Girard

 

Du 7 au 30 juillet à 16 h

Durée 1 h 10

 

L’Albatros
29 rue des Teinturiers

84000 Avignon

réservations : 04 90 86 11 33

 

 

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