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De l’importance d’être constant d’Oscar Wilde au Théâtre Darius Milhaud

Fév 16, 2015 | Commentaires fermés sur De l’importance d’être constant d’Oscar Wilde au Théâtre Darius Milhaud

Article de Victoria Fourel

 

importance

 

Oscar Wilde est connu pour son œuvre engagée et ancrée dans son époque, son écriture virtuose qui se joue des traits ridicules de la société, déguisée dans des pièces parfois vaudevillesques légères. On est toujours heureux de voir cet auteur joué et déjoué, tant il est actuel. Et surtout De l’importance d’être constant, divertissement cruel et joyeux autour de l’hypocrisie des gens du monde, dans tous les domaines de la vie mondaine.

Ici, si l’on est heureux en entrant chez Wilde, on l’est un peu moins au bout de quelques scènes. Rien n’est vraiment dépoussiéré visuellement, il y a peu d’inventions dans les costumes et peu de cohérence dans les décors. Le travail de mise en scène ne parvient pas vraiment à recréer l’univers de l’aristocratie, restant dans une sorte de demi-mesure, sans vraiment parvenir à inventer un univers neuf. Rien n’est franchement fantaisiste (et pourtant, Wilde peut l’être), mais rien n’est vraiment très réaliste – les pages de journaux intimes que se montrent les personnages féminins restent blanches et la nourriture ne ressemble pas à ce qui est décrit dans le texte…

Mais même si ces détails peuvent empêcher le spectateur d’entrer réellement dans la pièce, le plus gros problème de cette mise en scène est le choix constant de faire jouer ses comédiens dans une énergie d’aristocratie presque parodique, qui empêche aussitôt le concret. Le naturel et la spontanéité manquent aux mots d’esprit fournis par le texte, et ne créent pas toujours la surprise. On a le sentiment, malgré le plaisir évident des comédiens à jouer ces personnages, que le spectacle reste bloqué, chaque acteur étant cantonné à un caractères léger, sans beaucoup d’évolution. Cela cause ainsi une sensation de déjà-vu, et l’on a aussitôt davantage tendance à remarquer les soucis d’articulation, et les moments de surjeu. L’acteur qui a le plus à montrer, et donc le plus l’occasion de s’amuser, est celui qui joue à tour de rôle les majordomes et les serviteurs, étant à la fois le plus naturel et le plus surprenant dans chaque partition.

On perd donc de vue le côté engagé, le côté révolutionnaire même, de la pièce, que ce soit sur les aristocrates oisifs de cette société, sur les femmes superficielles, sur les bigots et les gens d’église.

Le spectacle aurait ainsi gagné à être plus court, à mettre en jeu moins de personnages – de manière à laisser à la distribution le temps de s’installer dans les caractères de leurs personnages – et à approfondir le travail du texte et du jeu, qui restent trop lisses. On reconnaîtra en revanche à cette troupe le mérite de donner envie au public de découvrir un peu plus les œuvres d’Oscar Wilde, bonheur de théâtre qui ne demande qu’à être joué et lu.

 

De l’importance d’être constant
Texte Oscar Wilde
Mise en scène Paul Bruna-Rosso-Carré
Lumières Valentin Rocher
Avec Paul Bruna-Rosso-Carré, Mathieu Duhazé, Charlotte Gouillon, Anaïs Jean, Julia Le Texier, Guillaume Millètre, Clémence Mollet, Berouke Tesfay.

Du 8 janvier au 26 mars 2015, les jeudis à 21h

Théâtre Darius Milhaud
80, allée Darius Milhaud – 75019 Paris
Métro Porte de Pantin, Danube
Réservation 01 42 01 92 26
www.theatredariusmilhaud.fr

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