ƒ article de Nicolas Thevenot
D.I.S.C.O. s’inscrit, comme son nom l’informe, dans une période. Dans un style musical qui marqua de son acmé les dancefloors. Développe sa chorégraphie elle-même inspirée du Waacking, style apparu en parallèle du Voguing et pareillement porté jusqu’à l’ultime sophistication par les afro-américains homosexuels. C’est dire si la pièce de Josépha Madoki est ultra référencée. Autour d’une DJ, blonde aux platines (et blonde platine), gravite progressivement toute une faune haute en couleurs. Chacun se montre sous ses plus beaux atours, boa, lamé,… et surtout chacun tel un paon fait sa roue : les solos introductifs, virtuoses, sont l’occasion d’entrer en scène et de faire sa scène. Sur le parcours de la pièce, la DJ, initialement située en bord latéral de scène se retrouvera à occuper une position centrale, manière de pointer l’évolution qui a conduit jusqu’à la starification actuelle des grands prêtres de la nuit.
Les danses sont énergiques, nerveuses, dessinent avec précision et pour chacun une identité. Mais je reste sur le bord de la piste de danse. S’agit-il du fait que la version proposée est une version courte de la pièce originale ? Toujours est-il que le projet m’apparaît très vite cousu de fils blancs, le déroulé sans surprise, et surtout les idées de mise en scène précèdent leur naissance au plateau. Le temps manque de chair, est incapable d’accoucher au plateau. Beauté muséale. Je vois (trop) bien l’intention, je me souviens du légendaire spectacle Le bal du Théâtre du Campagnol dans les années 80 dont Ettore Scola fera un film : raconter des histoires, faire vivre des rencontres sur un parquet ciré de bal, par le simple jeu des danses, ce qu’elles composent et exposent.
A trop vouloir cerner son objet, comme un bout d’Histoire fait de petites histoires, a trop vouloir l’écrire, c’est comme si la danse n’y était plus qu’accessoire et faire-valoir d’une idée, alors que c’est l’inverse qui aurait pu se produire : une danse pleine, exubérante, tissant sa toile sans agenda caché, une danse folle, tourbillonnante, où, peut-être, sans que cela soit une obligation ou une nécessité, des bribes d’histoires auraient pu émerger.
D.I.S.C.O., chorégraphie de Josépha Madoki aka Princess Madoki
Avec Rémi Bajramie aka Waabee, Daniela Barbieri, Suzanne Degennaro, Manon Del Colle aka Poupie Velvet, Célia Derrahi, Mario Dúran, Oumrata Konan, Paul Moscoso aka Paul de Saint Paul, Mathis Saïd
Musique live : DJ Naajet
Création costumes et décor : Mario Faundez
Création lumière : Florent Ecrohart
Durée : 45 minutes
Le mardi 16 mai 2023 à 20h
Espace 1789
2/4 rue Alexandre Bachelet
93400 Saint-Ouen
Tél : 01 40 11 70 72
Dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis
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