Critiques // Critique • Invisibles de Nasser Djemaï au Théâtre de la Commune

Critique • Invisibles de Nasser Djemaï au Théâtre de la Commune

Avr 19, 2013 | Un commentaire sur Critique • Invisibles de Nasser Djemaï au Théâtre de la Commune

ƒ Critique Solveig Deschamps

 Invisibles (9)

© Philippe Delacroix

« Ça te tombe sur la gueule comme une brique… »

Premiers mots de Martin Lorient, la gueule en sang parce qu’il est parti précipitamment de chez le dentiste, coup de fil lui annonçant la mort de sa mère, plus rien sauf cette boîte qu’elle lui a donnée et deux noms qui vont lui permettre de trouver ce père inconnu. La gueule en sang parce qu’agressé et dépouillé juste avant d’arriver au foyer Sonacotra où il va rencontrer ces hommes vieillissant  loin de leurs pays, emprisonnés dans leur cinq mètres carré de chambre, « Leur cercueil », pour avoir le droit de toucher leur retraite. Invisibles est la troisième pièce de Nasser Djemaï. Il a travaillé, entre autres, avec Joël Jouanneau, Philippe Adrien, Robert Cantarella, Alain Françon et, depuis 2003, il a fait le choix de mettre en scène ses textes, notamment une étoile pour Noël.

 

« Même pas pu rire une dernière fois avec elle… »

Elle, la mère qui lui laisse en héritage la possibilité de résoudre l’énigme de sa naissance, secret d’une histoire d’amour défendue. Sur le plateau, une table et une armoire en formica, armoire sur roulettes qui va devenir le lit d’un des résidents sur lequel Martin Lorient va s’échouer pour renouer avec ce passé dont il ignore tout.  Cinq magrébins qui se retrouvent dans cette pièce d’une vie qu’ils ont organisé depuis des années loin de leurs familles, venus chercher l’argent régulièrement envoyé au pays, promesse d’une vie meilleure, d’une retraite heureuse. Et lui, Martin agent immobilier un peu arnaqueur projeté dans un monde qu’il ne connaît pas. Ils ont une sacrée présence ses vieux d’une vieille qu’ils ne retrouveront jamais, condamnés à mourir en France pour cause de retraite complémentaire versée à la condition qu’ils résident au moins six mois sur le sol salvateur français. Tragédie que vivent encore à l’heure actuelle de nombreux travailleurs  émigrés. Et comme l’écrit si justement Nasser Djemaï dans le dossier de presse ces hommes « ne sont pas nés, ils ne sont pas élevés, ils ne vieillissent pas, ils ne se fatiguent pas, ils ne rêvent pas, ils ne meurent pas, ils ont une fonction unique : TRAVAILLER ». Malheureusement et malgré la qualité indéniable des protagonistes (Mofesta Stiti et Lounès Tazaïrt sont étonnants de justesse), nous restons sur notre faim. Le texte est trop anecdotique pour nous emmener dans une réflexion politique intelligente. Un texte qui finit par nous lasser par son inconsistance. C’est dommage, encore un spectacle  qui aurait pu… mais qui …

 

Invisibles
De et mis en scène par Nasser Djemaï
Avec David Arribe, Angelo Aybar, Azzedine Bouayad, Kader Kada, Mostefa Stiti et Lounès Tazaïrt et la participation de Chantal Mutel
Dramaturgie Natacha Diet 
Assistante à la mise en scène Clotilde Sandri 
Scénographie Michel Gueldry 
Musique Fréderic Minière et Alexandre Meyer 
Lumières Renaud Lagier 
Création video Quentin Descourtis 
Costumes Marion Mercier 
Maquillages Sylvie Giudicelli
 
Jusqu’au 24 avril  Du mardi au vendredi à 20hSamedi à 18h – Dimanche à 16h
 
THÉÂTRE DE LA COMMUNE
2 rue Édouard Poisson  Aubervilliers

Métro : Aubervilliers Pantin quatre chemins
Réservation : 01.48.33.16.16

www.theatredelacommune.com

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