ƒƒ critique Denis Sanglard
© Filipe Ferreira / TNDMII
Le Teatro Praga de Lisbonne est de la revue ! Ce collectif portugais irrévérencieux et talentueux s’installe de nouveau à Bobigny pour quelques jours. Tropa-Fandanga (la troupe des gueux) est une revue traditionnelle portugaise. Succession de numéros obligés, de tableaux populaires, chansons, ballets et sketchs. Avec des personnages récurrents, Zé (monsieur tout le monde), le fadiste, la vedette et une sainte trinité, les 3 F, soit Fado, Fatima et football, rendue obligatoire par le dictateur Salazar. La revue portugaise c’était avant tout l’histoire du pays, son actualité, racontée sous le mode burlesque ou comment contourner la censure sous la dictature.
Le Teatro Praga s’empare de tout ça et opte pour un thème bien particulier. Tropa-Fandanga célèbre le centenaire de la guerre de 14, la quarantième anniversaire de la guerre de la révolution des Œillets et la fin des guerres coloniales de 1974 (Angola et Mozambique). En somme un siècle d’histoire pour brosser un tableau décapant et chaotique du Portugal. Car tous les clichés portugais ou presque sont déclinés et promptement dézingués. Un superbe jeu de massacre qui passe à la moulinette les images traditionnelles de ce petit pays. Une façon de dire que le Portugal est quand même ancré dans la modernité et l’Europe, même frappé de plein fouet par la crise. Parce qu’il y a une nouvelle guerre aujourd’hui, qui ici est épinglée, la guerre économique, on se demande comment y faire face quand on est Portugais et qu’on fait office de parents pauvres. La réponse est ici très simple: le Fado ! Le Fado rendu obligatoire dans le monde entier. La seule arme, avec la Vierge de Fatima, qui peut imposer le Portugal… La Vierge de Fatima qui ici est n’est guère épargnée en fadista va-t-en-guerre… Le propre de la revue étant de n’épargner personne, même Linda de Suza (se souvient-on encore d’elle ?) reçoit un hommage inattendu, aussi drôle que cruel. Car l’irrévérence et l’absurde sont bien la signature de cette revue militaire endiablée et colorée. Mais la réalité sous ce vernis acide et burlesque pointe aussi son vilain nez. Il y a toujours un tableau sérieux dans toute revue. L’intervention de l’actrice Joana Manuel lors d’une audition à Lisbonne en Avril 2013, présente sur le plateau et de nouveau donnée ici est un formidable résumé du Portugal contemporain mais également des espoirs portés de la révolution de 1974 mise à mal aujourd’hui. Surgit brusquement la réalité sans fard.
Tropa-Fandanga
Mise en scène : Pedro Zegre Penim, José Maria Vieira Mendes, Andre E. Téodosio
Textes : Pedro Zeegre Penim, José Maria Vieira Mendes, André E. Teodosia, Claudia Jardim, Diogo Bento, Diogo Lopes, Joana Manuel, Joâo Duarté Costa
Scénographie : José Capela
Vidéo : Barbara Says, Joâo Pedro Vale, Nuno Alexandre, Pedro Lourenço, Vasco Araùjo,
Costumes : Joana Barrios
Conception Lumières : Daniel Worm d’ Assumpçâo
Son : Carlos Casado
Musiques originales : Sérgio Godinho
Orchestration : Joâo Paulo Soares
Assistante à la mise en scène : Catia Nunes
Avec : José Raposo, Andre E. Teodosio, Clàudia Jardim, Diogo Bento, Diolgo Lopes, Filipa Cardoso, Joanna Barrios, Joana Manuel, Joâo Duarte Costa
Fado : Filipa Cardoso
Danseurs : André Garcia, Jenny Larrue, Travis Walker, Vicente Trindade
Musiciens : Joâo Paulo Soares, Vasco Sousa, Francisco Cardoso, Ruben da Luz, Maria Joâo Cunha, Luis Petisca, André DiasMC93 Bobigny
9, boulevard Lénine
93000 Bobigny4-7 avril 2014 à 20h30, dimanche à 15h30
Réservations: 01 41 60 72 72
www.mc93.com
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