© Martin Argyroglo
ƒƒ article de Florent Mirandole
Pourquoi faut-il toujours que les gens échoués sur une île finissent pas s’entretuer ? On ne compte plus les films ou les séries où quelques survivants rescapés du naufrage d’un navire, du crash d’un avion ou d’une panne de n’importe quelles embarcations se métamorphosent en dangereux psychopathes. Philippe Quesne a fait le pari inverse, en imaginant un crash d’avion qui va au contraire libérer les quelques survivants.
Après s’être extrait avec difficulté de la carcasse fumante de l’avion posée en fonds de scène, la poignée de survivants réussit à rejoindre avec maintes difficultés le petit îlot dressé sur la scène et hérissé de palmiers rayonnants. C’est le début du renouveau pour la petite troupe qui quelques minutes auparavant picorait docilement leur plateau repas dans un avion. La micro-communauté va se délecter très vite des ressources de l’île, en organisant des festins de régimes de bananes et en s’enivrant de cocktails de jus de coco ou en imaginant des danses païennes a demi-nu.
Le moteur de la pièce est moins la survie de cette communauté que la façon dont les esprits de la petite troupe vont se délier rapidement pour profiter de l’écrin sauvage et luxuriant. Au milieu d’une dizaine de rochers en carton et de trois palmiers, Philippe Quesne donne vie à une petite troupe en quelques minutes, leur insufflant une énergie vitale communicative. Les individualités des comédiens n’en sont pas pour autant dissoutes, chacun exprimant à sa manière son identité. Une partage les restes de son plateau repas, un autre anime les danses avec ses chants, une autre organise un bar de fortune…mais chacun parle, cueille ou bouge à l’unisson des autres, et forme de bout en bout un groupe uni résolu à vivre libre et heureux.
Philippe Quesne s’amuse manifestement à détourner un des clichés les plus éculés de la fiction, l’histoire d’un groupe perdu au milieu d’une île déserte. Il est difficile derrière ce choix de ne pas y voir la peinture en creux de notre société moderne. Ici le metteur en scène prend l’exact opposé des analyses sombres et simplistes qui font de la promiscuité et du désœuvrement les sources de l’agressivité et de l’égoïsme. A voir cette mini-société vivre et profiter de la vie à ce point, on sent l’optimisme aigu du directeur du théâtre pour le genre humain. A moins que ce ne soit une nouvelle version de l’Utopie de Thomas More, œuvre explicitement citée dans la pièce. Cette utopie, « ce qui n’est dans aucun lieu », ne serait alors qu’une fenêtre sur un futur impossible.
© Martin Argyroglo
Crash park, la vie d’une île, de Philippe Quesne
Mise en scène Philippe Quesne
Avec Isabelle Angotti, Jean-Charles Dumay, Léo Gobin, Yuika Hokama, Sébastien Jacobs, Thérèse Songue, Thomas Suire, Gaëtan Vourc’h, Assistant François-Xavier Rouyer
Costumes animaux Corine Petitpierre
Lumières Thomas Laigle, Mickaël Nodin
Extraits musicaux Jacob Shea & Jasha Klebe, Pan Sonic, Frank Martin, Riz Ortolani, Debussy, Daniel Johnston, Chopin, Delinquent Habit, Frank Sinatra…
Régie son Samuel Gutman
Musique originale Pierre Desprats
Collaboration dramaturgie Camille Louis
Régie générale Marc Chevillon
Régie plateau Joachim Fosset
Habillage Pauline Jakobiak
Réalisation décors Ateliers Nanterre-Amandiers (Élodie Dauguet, Marie Maresca, Ivan Assaël, Jérôme Chrétien)
Tournage César Vayssié
Avec le soutien de la fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme New Settings
Du 20 au 9 décembre 2018
Horaires
Mardi, mercredi, vendredi à 20h30
Mercredi 21 novembre à 21h
Jeudi à 19h30
Jeudi 22 novembre à 21h
Vendredi 7 décembre à 21h
Samedi à 18h
Dimanche à 16h
Relâche les 4, 5 et 6 décembre 2018
Durée estimée 1h50
Nanterre-Amandiers
Centre dramatique national
7 avenue Pablo-Picasso
92014 Nanterre
Réservations +33 (0)1 46 14 70 00
www.nanterre-amandiers.com
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