À l'affiche, Critiques // Contagion, de François Bégaudeau, mise en scène Valérie Grail, au Théâtre Paris-Villette

Contagion, de François Bégaudeau, mise en scène Valérie Grail, au Théâtre Paris-Villette

Juin 10, 2017 | Commentaires fermés sur Contagion, de François Bégaudeau, mise en scène Valérie Grail, au Théâtre Paris-Villette

Version 2 © Frédérique Ribis

Article de Victoria Fourel

Stéphane, professeur, est le dénominateur commun de ces trois rencontres déterminantes, au fil de ses questionnements et des déplacements de sa pensée. On parle de radicalisation, de nos peurs, de jeunesse, aussi. L’éducation est toujours au cœur de l’écriture de François Bégaudeau, qui scrute ici nos rapports à l’incompréhensible.

Contagion est un spectacle infiniment difficile à juger. Parce qu’il parle de ce dont tout le monde veut parler. De ce qui court sur toutes nos bouches, de ce dont la scène doit parler. Le terrorisme, la défiance, la fragilité de nos liens. Et c’est automatiquement ce qui rend la pièce périlleuse. C’est une écriture entre le drame social réaliste et le dialogue philosophique entre maître et apprenti. On déroule dès lors tout ce que l’on a en nous sur la radicalisation, et on a du mal à ne pas énoncer des évidences, voire des platitudes. Nécessaires, peut-être. Il est quasiment impossible de dire que l’on n’est pas d’accord avec un texte qui fait l’inventaire de ce qui nous traverse face à ces actes de violences, qui fait écho à nos questionnements sur le terrorisme. Mais ce n’est pas pour autant ce qui donne de l’intérêt à une adaptation au plateau. Même difficulté à intégrer l’humour. Un peu faciles, conversationnels, les traits d’humour stoppent net les percées du beau et du grand dans ces discussions. A titre d’exemple, une réflexion touche particulièrement, et mériterait d’être davantage mise en valeur : l’envie de mourir de ces jeunes gens vient-elle d’un désamour de la vie et du monde, ou bien au contraire, d’un amour immense qui ne trouve pas d’exutoire sur terre ?

La part belle doit être faite au texte, donc, qui traite le sujet comme pour aller jusqu’à l’exhaustif : information, racisme, jeunesse et conflit intergénérationnel, nihilisme, culture et lien avec le public, religion. Sur scène, on sent le besoin de neutralité, de simplicité. Quelques accessoires, une lumière chaleureuse, par opposition à la fraîcheur de celles de nos écrans, c’est le débat qui prime dans la mise en scène. On regrette dès lors que ce que l’un des personnages énonce ne soit pas mis en pratique ici : si l’on place un sujet sur scène, c’est pour créer la distance, l’entrée de l’imaginaire. Et ici, peu de place est laissée à la fantaisie, que ce soit dans la direction ou dans les transitions, neutres, annoncées par une voix off, dans la pénombre. On apprécie les transformations successives de Côme Thieulin sans pour autant que notre perspective change sur quoi que ce soit ou que l’on soit surpris par les images.

Il faut parler de ça. Il faut parler aussi d’autre chose. Il faut explorer notre rapport à notre époque, être décalé, créatif, audacieux. Si ce spectacle n’atteint pas tout ce qu’il entreprend, notre besoin de la scène et évident et les possibilités sont immenses.

 

 

Contagion

Texte François Bégaudeau

Mise en scène Valérie Grail

Avec Côme Thieulin et Raphaël Almosni

 

Du mardi 6 juin au dimanche 18 juin 2017

Du mardi au samedi à 19h, 20h ou 20h45 selon les jours. Le dimanche à 16h.

 

Réservation 01 40 03 72 23

 

Théâtre Paris-Villette

211 avenue Jean Jaurès 75019 Paris

Métro Porte de Pantin

www.theatre-paris-villette.fr

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