© Vincent Pontet
ƒƒƒ article de Isabelle Blanchard
Je dois avouer être une fan du travail de Marc Lainé. J’ai souvent adoré ses scénographies et ses mises en scènes. Par exemple la scénographie du Dernier Testament de Mélanie Laurent au théâtre de Chaillot était remarquable de beauté et d’ingéniosité, cette gigantesque structure métallique qui selon les lumières changeait de fonction. Et ses écritures et mises en scène comme notamment Memories From The Missing Room créée en 2012 et où le groupe f Moriarty joue sur scène et Vanishing Point, les deux voyages de Suzanne W. créé à Chaillot en 2015 où il était question déjà de grands espaces du continent américain. Marc Lainé imbrique avec brio le théâtre, la musique, le cinéma et la littérature.
Un homme décide de traverser le Klondike dans des conditions climatiques extrêmes, seulement accompagné d’un chien, bravant à la fois les sages conseils d’un vieil Indien et l’instinct de l’animal. Trois personnages au plateau incarnent le narrateur, le chien, et le marcheur. Le dispositif scénique est composé de deux caméras sur pied, de deux maquettes de paysages montagneux enneigés, d’un écran au-dessus du plateau ainsi que d’une caméra tenue par l’un ou l’autre des personnages.
Marc Lainé fait incarner le chien par un acteur, et une fois la première surprise passée, il faut avouer que cela fonctionne très bien. Nous sommes ainsi à la fois dans le flux de pensée des personnages et perdus dans un espace enneigé et gigantesque. Tous les moyens techniques et humains servent le propos de l’auteur et nous restituent la nouvelle de Jack London.
Les différents points de vue, des personnages, des différentes captations, et la magie de la mise en scène transportent le spectateur dans le Grand Nord. Car c’est bien magique que d’inviter les grands espaces sur une scène petite telle que celle du studio de la Comédie Française C’est une épopée qui se donne, un souffle glacial et épique souffle sur le plateau. On a froid, on a peur, on tremble, on sursaute aussi, dans ce drame, où l’on accompagne ce malheureux inconséquent. La musique est particulièrement réussie et une guitare électrique qui ponctue les scènes, parfois sonne le glas et instaure une ambiance tragique.
C’est un combat pour la survie mais surtout une confrontation entre l’homme et la nature. Cet homme qui n’en comprend pas les mystères et la voit comme simple moyen d’obtenir ce qu’il veut et non comme un tout dont il fait partie.
C’est un questionnement éthique bien utile dans une actualité qui donne malheureusement trop souvent la part belle à certains discours utilitaristes de la planète.
© Vincent Pontet
Construire un feu, version scénique, mise en scène, scénographie et costumes Marc Lainé
Traduction Christine Le Bœuf
Lumière Kevin Briard
Vidéo Baptiste Klein
Son Morgan Conan-Guez
Collaboration à la scénographie Stephan Zimmerli
Avec Alexandre Pavloff Pierre Louis-Calixte Nâzim Boudjenah
Du 15 septembre au 21 octobre à 18h30
Comédie Française Studio-Théâtre
Galerie du Carousel du Louvre
99 rue de Rivoli, 75001 Paris
Réservations 01 44 58 15 15
www.comedie-francaise.fr
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