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Chiquenaudes & Romance en stuc, chorégraphie de Daniel Larrieu, Théâtre de la Cité Internationale, New Setting #9, un programme de la Fondation Hermès

Nov 15, 2019 | Commentaires fermés sur Chiquenaudes & Romance en stuc, chorégraphie de Daniel Larrieu, Théâtre de la Cité Internationale, New Setting #9, un programme de la Fondation Hermès

 

 

 Chiquenaudes © Benjamin Favrat

 

ƒƒƒ Article de Denis Sanglard

Le chorégraphe Daniel Larrieu réactive deux pièces emblématiques de son répertoire des années 1980 : Chiquenaude (1982) et Romance en stuc (1986). Comme un passage de relais et de transmission entre deux générations de danseurs et un constat sur la danse de ces année-là, la sienne en particulier, qui semble avoir sacrement résisté au temps.

Chiquenaudes au titre justifié par cette danse jusqu’au bout des doigts, jusqu’à la pointe du pouce, danse abstraite, géométrique. Utilisation des bras à la perpendiculaire, entre tension et relâchement. Changement de perspective, verticalité et horizontalité. Par trois, à l’identique ou par deux en décalé. L’espace est découpé au cordeau. C’est d’une rigueur, d’une impeccable et véloce mécanique toute en fluidité, exécutée en 9 minutes et en silence. Intemporelle !

Romance en stuc. Ballet narratif, pièce pour un chœur et trois solistes. Un « je t’aime moi non plus » version drame antique, tragédie grecque revisitée où le destin qui sépare les amants use des arts martiaux. Surprenant et audacieux. Daniel Larrieu reprend à son compte l’art de la fresque antique. Assyrienne ou égyptienne, les costumes en sont aussi l’évocation, le chœur prend la pose à l’identique, de profils, pieds et bras écartés, dans une grande amplitude. Là aussi les bras dessinent des figures empruntées aux fresques et bas-relief antiques. Certains y verront aussi un écho, un souvenir des Ballets russes. Pas faux. C’est aussi l’art de Daniel Larrieu de détourner les références pour les emmener ailleurs… Et puis il y a ce travail incroyable sur les bras, toujours en tension,  en extension, découpant l’espace avec minutie ou agrippant son partenaire pour former des chaînes bientôt rompues pour des duos et trios éphémères. Qui trouve son acmé dans un solo ou le destin, immobile et de dos, sculpté comme un bas-relief par la lumière, déploie ses bras dans une variation époustouflante. Une minutie portée aux moindres articulations, propre à la métamorphose. Les corps sont en torsion, toujours et jusqu’à l’insoutenable parfois. Daniel Larrieu ose même l’irreprésentable, non sans humour, montrer le cul de ses danseurs littéralement pliés en deux mais nous tournant le dos avec toujours ce mouvement des bras comme dissociés soudain des corps. À l’exception de l’amant, immobile de bout en bout ou presque, présence irradiante. L’extrême attention portée au chœur, cœur battant de cette pièce chorégraphique, donne à cette composition toute son originalité et sa force. Partition précise et formelle, d’une grande rigueur et d’une beauté hiératique fascinante. Et ce tempo particulier, comme un geste qu’on retient à sa source et qui donne à l’ensemble une impression de songe éveillé, de cauchemar qui empoisse, de lyrisme qui se traîne. Accentuée par une bande son démente et dure qui ose le texte, le punk, le rock gras et le classique larmoyant (dans ce qu’il a de plus marquant, voire kitch, l’adagio pour corde de Samuel Barber). Magistral.

 

 

Romance en stuc © Benjamin Favrat

 

Chiquenaudes chorégraphie de Daniel Larrieu, création initiale en avril 1982 pour le concours de Bagnolet

Réactivation Daniel Larrieu, Jérôme Andrieu

Costumes Margaret Strechout

Avec Sophie Billon, Léa Lansade, Enzo Pauchet

 

Romance en stuc chorégraphie de Daniel Larrieu, création initiale en juillet 1985 au cloître des Célestins, Festival d’Avignon

Réactivation Daniel Larrieu, Jérôme Andrieu

Création lumière François Michel

Bande son Jean-Jacques Palix, Eve Couturier

Costumes Didier Despin, Catherine Garnier à partir du travail de Mark Betty

Accessoires et perruques Daniel Cendron

Scénographie Franck Jamin à partir du travail de Timmey Fowler

Transmission des rôles Dominique brunet, Sara Lindon, Laurence Rondoni, Didier Chauvin, Bertrand Lombard

Avec Sophie Billon, Élodie Cottet, Léa Lansade, Marion Peuta, Jérôme Andrieu, Yohann Baran, Victor Brecard, Pierre Chauvin, Enzo Pauchet, Raoul Riva, Julien-Henri Vu Van Dung

 

Les 10, 14, 15 novembre 2019 à 21 h

 

 

 

Théâtre de la Cité Internationale

17 bd Jourdan

75014 Paris

Réservation 01 43 13 50 50

www.theatredelacite.com

 

 

 

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