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Chat en Poche de Georges Feydeau mise en scène Anne-Marie Lazarini au théâtre Artistic Athévains

Nov 16, 2015 | Commentaires fermés sur Chat en Poche de Georges Feydeau mise en scène Anne-Marie Lazarini au théâtre Artistic Athévains

article dUlysse Di Grégorio

PieceGalerie.3055.image.710x0© Marion Duhamel

Pour sa première mise en scène de Feydeau, Anne-Marini Lazarini a choisi Chat en Poche, deuxième longue pièce du dramaturge à la limite de l’absurde. Si l’intention honorable de la mise en scène tend à développer la folie de chacun des personnages, on peut néanmoins regretter qu’elle ne soit mise en œuvre jusqu’au bout. La préoccupation (importante, certes) de faire rire le public fige les comédiens dans un « ton bourgeois », là où la sincérité de chacun serait bien plus au service de l’absurde recherché. Le travail de chœur avec l’ensemble des comédiens attire l’attention, et peut être loué dans un théâtre où le danger réside dans l’égoïsme des personnages.

La scénographie de François Cabanat est tout à fait en accord avec la proposition de mise en scène, nous découvrons un salon aux lignes déstructurées avec différents plans et niveaux de jeu pour les comédiens : une folie en trois dimensions. L’espace devient ainsi un élément de jeu, qui dans son occupation est révélateur des liens entre les différents personnages. Ainsi Marthe, dans ses scènes avec Dufausset, se retrouve presque systématiquement en surplomb, donnant l’image d’une femme toujours insaisissable pour le jeune homme. Quant à Pacarel, le maître de maison, il trône sans cesse au beau milieu de la pièce, soit occupé à tricoter sur le divan, soit debout à la recherche d’une occupation quelconque. Le mobilier fait lui aussi partie intégrante du jeu de scène (comme dans toutes les pièces de Feydeau) avec le choix de fauteuils aux couleurs clinquantes et criardes. Le spectateur se sent-il véritablement transporté dans un monde merveilleux digne d’Alice au pays des merveilles ?… L’économie du décor très certainement choisie pour épurer et moderniser la scène, les comédiens doivent faire l’effort de plus d’imagination pour habiter pleinement cette maison et nous faire ressentir l’effervescence continue qui s’y déploie. Certainement les lumières pourraient-elles aussi contribuer à rendre ce petit grain de folie, tout cela demeure un peu froid.

Les costumes de Dominique Bourde font le lien avec le mobilier, chaque comédien est revêtu d’un costume contemporain composé d’une base noire associée à un élément de couleur caractéristique du personnage. Sobriété que l’on apprécie mais qui reste encore un peu crue.

Heureusement, la présence chaleureuse et enfantine de Cédric Colas en Dufausset apporte l’énergie nécessaire à l’écriture pour tenir le spectateur d’un bout à l’autre de l’œuvre. Jacques Bondoux en maître de maison assoit une faible autorité paternelle tout à fait juste avec le sens de la pièce. On pourrait cependant être touché par une plus grande intensité dans les émotions éprouvées par le personnage. Dimitri Radochévitch montre sa finesse dans une interprétation en retrait du personnage de Landernau qui erre au milieu de la scène, on aimerait un tout petit plus de tension lorsqu’il soupçonne sa femme de tromperie… Le duo de femmes composé de Frédérique Lazarini et Sylvie Pascaud, respectivement Marthe et Amandine, fonctionne bien et pourrait être encore plus savoureux si la rivalité entre les deux femmes se faisait réellement sentir. Quant aux fiancés : Julie et Lanoix interprétés par Giulia Deline et David Fernandez, ils semblent tous deux être en dehors de l’agitation du reste de la maison. Est-ce voulu ? Peut-être le jeu est-il encore un peu timide, mais juste.

Ce Chat en Poche dans son essai de modernisation est un moment de théâtre plaisant même si la mise en scène pour être une véritable redécouverte de l’œuvre nécessiterait de développer la vérité intérieure des personnages en redynamisant le tout.

Chat en poche de Feydeau
Mise en scène Anne-Marie Lazarini
Assistant à la mise en scène Bruno Andrieux
Décor et lumières François Cabanat
Costumes Dominique Bourde
Avec Jacques Bondoux, Cédric Colas, David Fernandez, Giulia Deline, Frédérique Lazarini, Sylvie Pascaud, Dimitri Radochévitch

du 10 novembre 2015 au 23 janvier 2016 (mardi 20h ; mercredi, jeudi 19h ; vendredi, samedi 20h30 ; samedi 16h, dimanche 15h, relâche lundi sauf le lundi 23 novembre à 20h30)

Au théâtre Artistic Athévains
45 bis rue Richard-Lenoir
75011 PARIS
métro : Voltaire
Réservations : 01 43 56 38 32

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