© Christophe Raynaud de Lage
ff article de Denis Sanglard
Les 26 000 couverts n’ayant jamais peur de rien se lancent dans l’opérette. Après avoir dézingué le cabaret, Shakespeare, le théâtre forain et le théâtre de rue… les voilà embarqués dans une comédie musicale de science-fiction un chouïa écologiste, c’est dans l’air du temps, bien évidement totalement décalée et totalement bringuezingue. Dans un futur très très très lointain erre dans l’espace une poignée d’humains cherchant leur terre promise, Chamonix. Et voilà que leur vaisseau buggant ils atterrissent sur une planète qui n’est autre que la terre dont l’humanité fut éradiquée et dont ils sont les seuls et lointains descendants. Retour à la case départ, donc. La rencontre du troisième type ne se fait pas attendre, c’est un gros vers, un intra-terrestre, ça ne s’invente pas, qui les asticotant sévère, ne souhaite qu’une chose, les éradiquer à leur tour. Pourquoi et comment, c’est toute la trame de cette histoire totalement loufoque. Où il est question de suppositoire, d’apéricubes, de terrain de golf, de gruyère…
Philippe Nicolle et ses acolytes ont joyeusement pioché pour mieux les dézinguer dans les références iconiques du genre. De La planète interdite à Cosmos 1999, en passant par Docteur Who (substituant à la cabine téléphonique un buffet – prénom Bernard ! – , machine à voyager dans le temps) ou Star-Trek. Alien aussi, mais version du pauvre ou, disons ça comme ça, minimaliste. Genre dont ils empruntent les tenues et les accessoires, les décors, les effets spéciaux et de style. Enfin presque. C’est dans l’esprit mais tient davantage du bricolage de série Z fauchée. C’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnait, cet art consommé du n’importe quoi et qui passe crème. Et il faut aimer cette propension au millième comme au premier degré, au gags énormes et jeux de mots approximatifs, au burlesque, à la parodie paroxystique. Le non-sens absolu mais avec la faculté de toujours retomber sur ses pattes, ou pas. La comédie musicale aussi en prend pour son grade avec ses clichés immuables. On chante avec approximation, les chorégraphies sont aléatoire, les paroles sont à pleurer. C’est dévastateur plus qu’enchanteur qui ferait prendre les opérettes de Francis Lopez pour du Pierre Boulez. Avouons-le, on s’y perd un peu quand même dans ce foutoir interstellaire. Et soir de première oblige ? Sans doute ou espérons-le, c’était parfois un tantinet longuet, manquant singulièrement et étonnement non d’énergie mais de rythme. Des gags étirés sans raison, ou pour le simple plaisir du jeu, plombant un peu tout ça au risque d’une pesanteur toute terrestre. Reste que la compagnie des 26 000 couverts reste fidèle à elle-même, nulle concession dans la fabrique d’un théâtre débridé se jouant avant tout de lui-même. Et si dans l’espace personne ne vous entend crier, dans la salle Renaud-Barraud du Théâtre du Rond-Point les rires se faisait bien entendre annulant nos quelques réserves d’une création peut être moins aboutie que les précédentes.
© Christophe Raynaud de Lage
Chamonix, mise en scène de Philippe Nicolle
Ecriture de Philippe Nicolle et Gabor Rassov
Création musicale d’Aymeric Descharrières, Erwan Laurent, Christophe Arnulf, Anthony Dascola
Avec : Kamel Abdessadock, Christophe Arnulf, Aymeric Descharrières, Olivier Dureuil, Patrick Girot, Erwan Laurent, Clara Machina, Florence Nicolle ou Gabor Rassov, Ingrid Strelkoff
Son : Anthony Dascola et Aude Petiard
Lumières : Paul Deschamps assisté de Béranger Thierry
Régie plateau : Laurence Rossignol et Christophe Perron
Chorégraphies : Laurent Falguieras
Scénographie, construction et accessoires : Patrick Girot, Julien Lett, Michel Mugnier, Laurence Rossignol
Avec l’aide de Sophie Deck, Marek Guillemeney, Zazie Passajou
Costumes : Camille Perreau et Sara Sandqvist
Marionnette : Carole Allemand
Régie générale et plateau : Patrick Girot
Maquillage et coiffure : Pascal Jehan
Assistanat à la mise en scène : Sarah Douhaire et Lise le Joncour
Du 8 au 31 décembre 2023
Du mardi au vendredi à 20h30
Samedi à 19h30
Dimanche 10 et 17 décembre à 15h
Dimanche 31 à 18h30
Relâche les lundis et les 24 et 26 décembre
Durée 2 h
Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Réservations : 01 44 95 98 21
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