À l'affiche, Critiques // C’est la vie de Peter Turrini mis en scène par Claude Brozzoni au théâtre du Rond-Point

C’est la vie de Peter Turrini mis en scène par Claude Brozzoni au théâtre du Rond-Point

Nov 25, 2015 | Commentaires fermés sur C’est la vie de Peter Turrini mis en scène par Claude Brozzoni au théâtre du Rond-Point

article d’Ulysse Di Gregorio

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© Isabelle Fournier

C’est la vie, est une pièce à caractère autobiographique mêlant théâtre et musique. C’est la vie, par son titre à caractère universel n’implique pas seulement son auteur mais également tout le public : comment résumer la vie ?

A travers des bribes de souvenirs qui remontent à l’enfance, le spectateur découvre la voix de Peter Turrini à travers la très belle interprétation de Jean-Quentin Châtelain. Ce dernier y est à la fois chanteur et comédien et apporte au « personnage » une folie et une ivresse théâtrale. Vêtu d’un costume gris perle conçu par Pascale Robin, l’image qui s’en dégage dessine une apparente neutralité, l’homme n’est pas figé dans une époque. Notre imagination de spectateur ne se trouve pas entravée, mais peut au contraire suivre complètement les évolutions de celui qui se tient sur scène. J.Q. Châtelain est à la fois survolté, révolté, vivant mais aussi soumis à l’accablement d’un personnage refusant la mort jusqu’au bout. Si l’écriture au début de la pièce nous plonge dans un univers plutôt léger et rempli d’humour, cet humour est amené progressivement à relever les noirceurs et défaillances de l’âme humaine. Les mots prononcés, chantés ou encore scandés interrogent la vacuité de l’existence. En effet, l’homme qui se tient devant nous, est l’illustration de la difficulté humaine à conserver sa constance en actes ou en pensées. Le désir insatiable et toujours changeant de l’homme (relationnel, professionnel mais aussi sexuel) se mêle avec ambiguïté au désir de vivre.

La mise en scène de Claude Brozzoni fait le choix d’une simplicité et d’une économie de mouvement. Le moindre détail devient alors signe : le court instant où l’acteur vient s’asseoir se fait symbole de l’accablement de l’homme en proie à ses peines et ses échecs. L’espace est occupé par deux grandes toiles dont l’une est destinée à la projection d’images d’une grande hétérogénéité : un rappel historique des événements qui sont advenus pendant ces soixante-dix ans qu’a vécu l’auteur. Puis ces images finissent par nous montrer un visage, celui du comédien dans un espace extérieur : le comédien sur scène se retrouve face à son double sur l’écran. Jusqu’au bout, l’homme s’interroge sur son image, son identité. Tenter de trouver un sens à cette vie même lorsque c’est la fin.

L’accompagnement musical de Gregory Dargent et Claude Gomez soutient et amplifie la représentation de cet homme porté par son désir et condamné par son impuissance face au destin. L’espace scénique qui apparaît dans un premier temps dépouillé est alors envahi par les sonorités électroniques. Une musique qui porte le texte tout en symbolisant par sa lancinance l’étouffement du monde et des contraintes que l’homme subit. Par courts instants, cet accompagnement sonore cesse brusquement pour introduire un renouveau, un départ, ou un changement d’âge du personnage.

C’est la vie est le témoignage cru d’un homme au parcours mouvementé dont la théâtralisation apporte ici une dimension universelle.

C’est la vie
Texte Peter Turrini
Mise en scène Claude Brozzoni
Avec Jean-Quentin Châtelain
Composition et interprétation musicale Grégory Dargent, Claude Gomez
Traduction Sylvia Berutti-Ronelt, Jean Claude Berutti
Assistanat à la mise en scène Dominique Vallon
Scénographie Elodie Monet
Lumière Nicolas Faucheux
Son Titou Victor
Costumes Pascale Robin
Montage vidéo Gwenaëlle Rabin
Construction Décor Espace et Cie

Du 17 novembre au 13 décembre 2015 à 18h30

Théâtre du Rond-Point
2 bis, av Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
www.theatredurondpoint.fr

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