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Causeries #4 : le sale discours, écrit et mis en scène par David Wahl, Maison de la poésie

Fév 15, 2018 | Commentaires fermés sur Causeries #4 : le sale discours, écrit et mis en scène par David Wahl, Maison de la poésie

© Erwan Floch

Article de Théodore Lacour

 

Etrange proposition !

Elle se situe à la croisée de plusieurs chemins sans qu’un seul ne se dégage lorsque la lumière disparaît au bout de l’heure et quelques passés ensemble. Elle commence un peu comme un conte à la façon de Perrault : il était une fois l’histoire du sale ! C’est un « cochon » qui nous parle – autant dire un homme – qui se dévoile dans la noirceur de son aspect tout autant que dans la profondeur de ses connaissances.

C’est à la fois un développement historique, un cours de linguistique et d’étymologie, un développement de l’histoire de la science depuis les premiers grecs ou égyptiens jusqu’à la famille Curie, de réflexions philosophiques qui vont jalonner le parcours au travers du discours de David Wahl.

C’est sans conteste une partition virtuose dans l’écriture, une sorte de performance littéraire d’une langue des siècles passés ou la rime est maîtrisée et abondante, ou le vers voire l’alexandrin (ça va trop vite pour arriver à compter !) est monnaie courante.  Se dégage du tout une recherche d’humour avec un certain décalage dans la parole parfois, une adresse directe au public bien souvent – comme une interpellation gentille et à la façon d’un cours prodigué par un « savant un peu étrange » qui viendrait nous conter quelque chose autour de la crasse.

On pourrait croire parfois que nous sommes conviés à une conférence qui va dérailler, qui va nous emmener ailleurs… mais finalement il n’en est rien. Nous sommes plutôt confrontés à une partition boulimique voire pléthorique dans son développement dans laquelle on peine à trouver un peu d’espace de réflexivité ou d’espace poétique par le(s)quel(s) nous pourrions être salis, déplacés, interrogés.

Ce qui nous concerne plus c’est ce développement incessant – ce déversement continu de paroles qui finissent par nous perdre plus d’une fois et qui nous laissent constamment à la croisée des chemins sans jamais prendre décision de nous guider ou nous pousser dans une voie…

On se demande d’ailleurs pourquoi – puisque tout repose sur cette parole qui se déverse – David Wahl choisit aussi de déverser sur le plateau cette substance proche de la viscosité d’un pétrole. Métaphore du sale peut-on imaginer ? Pourquoi autant de bidons dont il ne joue que peu finalement alors même qu’ils pouvaient être des boîtes de Pandore d’un monde où la crasse prend bien des aspects, recouvre bien des domaines et s’étale devant nos yeux et nos croyances.

Si crasse il y a, nous n’en sommes pas pour autant recouverts et c’est finalement une proposition assez gentille que nous propose son auteur/conteur et à aucun moment on ne se sent réellement interpellé par notre propre comportement d’hommes-cochons ; maintenus à distance que nous sommes par ce trop plein qui devient plus un acte de circassien de la parole qu’un acte d’une parole agissante.

Et si David Wahl, à sa manière, nous convoite comme public en nous appelant bien souvent « mes chers amis », c’est dommage qu’il ne mette pas en pratique sa propre parole que je tente ici de redonner par mémoire : « Salir ce que l’on convoite permet de se l’approprier… et devient sa propre-iété. » Dommage aussi que ce sujet ne devienne pas notre propriété d’autant qu’il est passionnant et qu’il y a de quoi en questionnant nos comportements, nos pensées, nos certitudes sur la question…  Wahl maîtrise sans conteste son sujet et une écriture ; on aurait pourtant aimé être plus comme cette phrase attrapée dans le flot : « Chacun se révèle la décharge ou le garde manger d’un autre » qui nous aurait totalement comblé.

 

Causeries #4 : le sale discours

De et avec David Wahl
Collaboration artistique  Pierre Guillois

Mise en espace  Pierre Guillois
Régie générale  Jérôme Delporte
Régie Plateau, accessoiriste  Anne Wagner
Création son  Nicolas Coulon
Création lumière  Maël Guiblin

 

Les 26 & 27 février 2018 à 20h00
Durée : 1h20

 

Maison de la Poésie

Passage Moliėre
157, rue Saint-Martin
75003 Paris

M ° Rambuteau
RER Les Halles

Infos et réservations : 01 44 54 53 00 du mardi au samedi de 15h à 18h

http://www.maisondelapoesieparis.com/

 

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