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Carmen. , conception et mise en scène de François Gremaud, au TDV-Théâtre des Abbesses, Festival d’Automne à Paris  

Oct 19, 2023 | Commentaires fermés sur Carmen. , conception et mise en scène de François Gremaud, au TDV-Théâtre des Abbesses, Festival d’Automne à Paris  

 

© Dorothée Thebert Filliger

 

f article de Denis Sanglard

Carmen, ce fut un scandale. Double. Il y a celui d’une œuvre qui pour l’Opéra-Comique ne l’était pas, comique. Sujet fort scabreux pour un public familial habitués à des sujets bienséant, faciles et joyeux où l’on ne devait surtout pas mourir en scène. Et ce n’est pas le rôle de Micaëla, incarnant la pureté, faisant contrepoids (bien faible) au personnage incendiaire de Carmen, qui put sauver cet opéra de l’échec lors de la première le 3 mars 1875. Et il y a Carmen, le personnage, femme libre, au mœurs que l’on disait légères, qui n’échappe pas au féminicide. « Libre elle est née, libre elle mourra. » Adapté de la nouvelle de Mérimée, bien plus corsée, le livret de Meilhac et Halévy (les mêmes qui signèrent, dans un autre style, les livrets d’Offenbach), et pour les récitatifs mis en musique après la mort de Bizet par Ernest Guiraud, les dialogues parlés initiaux n’étant pas une franche réussite, cet opéra en quatre actes est devenu un des opéras le plus joué dans le monde. Le premier triomphe, à Vienne, eut lieu en octobre 1875. Bizet n’en saura rien qui mourut trois mois jour pour jour après cet échec cinglant.

Carmen. Carmen avec un point final. Ponctuation importante comme elle le fut avec les trois points de suspension de Giselle, et celui d’exclamation de Phèdre les deux précédent opus de François Grimaud. Un point qui n’exprime rien d’autre que la provocation selon le grammairien Jacques Drillon. Soit. Ainsi François Grimaud souhaite provoquer le spectateur comme Carmen Don José ou Escamillo. Rosemary Standley, chanteuse du groupe Moriarty, accompagné d’un quintette (flûte traversière, violon, accordéon, harpe et saxophone), va donc jouer et chanter seule cette Carmen. de François Grimaud qui n’est rien d’autre qu’une dissection de l’opéra éponyme de Bizet. Rosemary Standley commence par l’historique de la création avant d’entrer dans le vif de la partition qu’elle commente, non sans humour et causticité parfois, plantant les décors d’époque, réduits là à deux chaises sur un plateau vide et déplacées au grés des actes, digressant sur les situations ou les personnages dont elle dresse les portraits. Il suffit de quelques gestes esquissés et rien de plus pour que se dessinent les caractères. Elle est tour à tour et en même temps Don José, Carmen, Micaëla, Escamillo… jusqu’au chœur des cigarières et même celui des enfants. En somme toute la distribution de cet opéra subversif. Rosemary Standley malgré une formation lyrique et un intérêt pour le chant baroque n’est pas une chanteuse – ni un chanteur ici – d’opéra. Qu’importe. Elle a une voix, enfin plusieurs puisqu’elle chante aussi bien les airs (devenus des scies musicales) de Carmen, de Micaëla que ceux de Don José et d’Escamillo. Où l’on apprend au passage que le premier air de Carmen, « l’amour est enfant de bohème », fut remanié treize fois à la demande de la créatrice du rôle Célestine Galli-Marié. Il faut dire que la première mouture n’était pas folichonne. Cette voix, donc, qui n’est pas ou plus dans son élément forcement naturel crée un étrange décalage avec le propos. Cela sonne fort juste mais manque un tantinet de puissance dramatique. Qu’un jeu encore fragile, appliqué, retenu, empêche malgré une présence certaine, de creuser plus avant l’interprétation qui reste davantage dans l’intention. Carmen n’est pas si sage. Carmen. un peu trop.

 

 © Dorothée Thebert Filliger

 

Carmen. , conception et mise en scène de François Gremaud

Musique : Lucas Antignani, d’après Georges Bizet

Texte : François Gremaud d’après Henri Meilhac et Ludovic Halévy

Assistant à la mise en scène : Emeric Cheseaux

Apports dramaturgiques : Benjamin Athanase

Lumière : Stéphane Gattoni- Zinzoline

Son : Anne Laurin

Avec Rosemary Standley

Et 5 musiciennes en alternance : Laurène Dif, Christel Sautaux, Tjasha Gafner, Célia Perrard, Héléna Macherel, Irène Poma, Sandra Borges Ariosa, Anastasia Lindeberg, Bera Romairone, Sara Zazo Romero

 

Du 18 au 22 octobre à 20h

Dimanche à 15h

 

TDV-Théâtre des Abbesses

31 rue des Abbesses

75018 Paris

 

Réservations : 01 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

 

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