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CALLAS-MACHINE, texte et mise en scène de Filippo Bruschi, sortie de résidence au Théâtre de l’Echangeur, à Bagnolet

Juin 29, 2022 | Commentaires fermés sur CALLAS-MACHINE, texte et mise en scène de Filippo Bruschi, sortie de résidence au Théâtre de l’Echangeur, à Bagnolet

 

© Yannick Juteau

 

 

ƒƒ article de Nicolas Thevenot

Corps de dos, tel un oiseau noir. Cheveux au carré, haut noir ajusté, épaules bouffantes et manches longues. Quelques notes de la célèbre chanson de Liza Minnelli. Des gestes secs et précis. New-York, New-York. Cut. CALLAS-MACHINE démarre à New-York, ou en Grèce, ou bientôt en Avignon, ou à Bagnolet, dans cette salle de fin de résidence pour l’équipe artistique qui nous y a convié. Peu importe, Callas est le sésame ouvrant toutes les portes de l’imaginaire. On s’y presse à ces portes, elles claquent Car la Callas reste la figure inépuisable et magnétique quand bien même elle serait infigurable, intraitable.

CALLAS-MACHINE ne cherche donc pas, et c’est bien heureux, à tenter une forme biopic. Non, il s’agirait plutôt de lancer en l’air les dés d’une vie, et de piocher dans une sorte de hasard échappant à la chronologie des faits, mais obéissant à une dramaturgie plus souterraine, des éléments de réponses, des éléments de langage de ladite Callas, des morceaux de vie, des cris, des questions, des affirmations, des obsessions. De ce puzzle textuel naît une partition trouée, ajourée, d’où l’on peut voir apparaître une actrice, Aliénor de Mezamat, tenant haut et ferme la couronne de la diva. Elle est belle cette actrice, dans le contrejour de l’aveuglante Callas.

Cette partition a quelque chose de free jazz, jouant des cuts, cherchant ses harmoniques au-delà du naturel, secouant la matière du récit comme une mélodie dont on ne saurait que faire. Filippo Bruschi met en scène son interprète à l’endroit du dispositif machinique. Cette direction travaille le texte comme le corps de l’actrice : chaque parole s’assume tel un geste physique. Le texte est une chorégraphie des mots qui se muent en corps, la mise en scène une balistique de ces impacts : impulsions, élans, jaillissements.

« Je ne chante pas Yvette,

Je sculpte

Des drames dans l’air

Je joue avec la musique dans le vide sans filet »

CALLAS-MACHINE est une performance, elle ne tient à aucun fil, sauf celui d’une légende artistique et médiatique. Mais une légende sur une scène de théâtre, dans le nu du plateau, c’est un courant d’air, ça se brise comme le verre. CALLAS-MACHINE est bien plutôt, et c’est cela qui nous plaît, le moment d’une actrice en jeu, jouant le jeu de n’être que jeu car dans ce jeu, il est impossible de dire je. A la manière d’une silhouette que l’on détourerait, à la manière du moule et de l’empreinte, CALLAS-MACHINE fait exister la machine théâtrale, l’actrice, comme la matière même où se détache et se perd l’inatteignable portrait. C’est l’étrangeté et la beauté de cet objet théâtral que d’être dans la fuite de ce qui le convoque.

 

© Yannick Juteau

 

CALLAS-MACHINE, texte et mise en scène de Filippo Bruschi

Jeu : Aliénor de Mezamat

Lumière : Saïd Lahmar

Voix : Eleonora Ribis, Saadia Mirza

Son : Fabio Falzone et Filippo Bruschi

 

Durée : 1 h

 

Sortie de résidence le 19 juin 2022 à 18 h

Théâtre l’Échangeur – Bagnolet

59 Av. du Général de Gaulle

93170 Bagnolet

 

Tournée :

Les jours pairs du 8 au 26 juillet (20 juillet relâche) à 21 h 05

Théâtre des Lila’s

8 rue Londe

84000 Avignon

Tél : 04 90 33 89 89

www.theatredeslilas@orange.fr

 

 

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