© Pascal Gély

ƒƒ Article de Sylvie Boursier  

Il faut être deux pour loucher dit Roland Dubillard sauf si l’on est un en deux comme les duellistes de Cahin Caha. Aux Déchargeurs on les entend soliloquer en duo puisqu’ils ne font qu’un derrière un paravent puis poursuivre la controverse philosophico burlesque au vu et au sus de la salle.

La fin arrive au début et le début à la fin car Valetti réinvente le mouvement perpétuel. Ses deux locuteurs, Castel et Sahuquet de la dragée haute, tournent en boucle depuis des décennies et ça ne finira jamais.

Soit une joute satirique qui pose des questions essentielles. A vos plumes, vous avez trois heures pour rendre vos copies, voici les sujets :

– Comment communiquait-on avant le langage ?

– Qu’est-ce que le théâtre ?

– Je me demande lequel de nous deux va crever en premier ?

– Comment supprimer l’autre en douceur ?

Le comment chez Valetti est essentiel, car l’affabulation erratique des deux compères part du concret pour aller sur des démonstrations aussi folles que justes en passant par des démonstrations ponctuées de donc, alors, voilà, parce que….

Si l’on ajoute que deux monstres sacrés, comme dirait Dubillard, Daniel Martin et Jean Claude Leguay, interprètent ce « dialogue pour un homme seul » on n’a plus aucune raison de faire l’impasse sur ce spectacle. C’est de la haute couture théâtrale, une leçon à la Vitez sur les scansions d’un texte, ses ruptures, son rythme, un feu d’artifice cruciverbiste mâtiné de salsa !

Qu’est-ce que le théâtre ? Là au moins vous avez la réponse. Courrez les voir à Paris ou en Avignon.

© Pascal Gély

Cahin Caha de Serge Valetti

Mise en scéne : Gilbert Rouvière

Scénographie : Marie Nicolas

Jeu : Jean Claude Leguay, Daniel Martin

Durée : 1h

Jusqu’au 20 juin à 21h théâtre des Déchargeurs

3 rue des Déchargeurs, 75001 Paris 

Réservation : 01 42 36 00 50

www.lesdéchargeurs.fr 

Du 7 au 29 juillet à Avignon La Scala Provence relâche les lundis

Texte de Serge Valetti publié aux éditions de l’Atalante

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