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Cabaret Horrifique, mise en scène de Valérie Lesort, à l’Opéra-Comique

Juin 19, 2020 | Commentaires fermés sur Cabaret Horrifique, mise en scène de Valérie Lesort, à l’Opéra-Comique

©  Stefan Brion

 

ƒƒƒ article de article de Denis Sanglard

Horreur, malheur ! Vous qui entrez ici perdez tout espoir… de sérieux. C’est avec un bonheur évident et beaucoup de malice que Valérie Lesort métamorphose l’Opéra-Comique en une annexe, version humoristique, du défunt Grand-Guignol. Une mise en scène saignante, morceaux goûteux et de choix, un cabaret horrifique où deux espiègles chanteurs de talent s’amusent comme deux échappés d’un asile de fous. Champagne frappé et hémoglobine, rien ne manque. Pas même un pianiste souffre-douleur à qui bientôt on arrache le cœur. Judith Fa, soprano, et Lionel Peintre, baryton, se sont fait les têtes idoines, prêtes à être décollées, à moins qu’elles ne le furent déjà, sorties toutes droites d’un film de la Hammer. Valérie Lesort n’est pas en reste, créature cauchemardesque et fantômale, maîtresse d’une cérémonie qu’elle bruite avec talent et force trouvaille. Mention spéciale à son croassement à vous faire dresser les plumes. Judith Fa et Lionel Peintre, donc, chantent et jouent, fort bien, un vaste et éclectique répertoire, variétés et classiques, de Marie-Paule Belle à Haendel, de Kurt Weil à Henry Purcell, de Marie Dubas à Jean Cras… Chansons connues ou méconnues, de vraies perles, avec pour dénominateurs communs fantômes et grand Lustucru, Nosfératu et amours défuntes, boucherie de la Villette et folie furieuse. Il suffit de pas grand-chose, avantage et contrainte du cabaret, pour vous planter le décor, une atmosphère délicieusement inquiétante, franchement drôle avec son côté bricolo et kitch. Ces quatre-là ne se prennent visiblement pas au sérieux et c’est tant mieux. Un peu de polystyrène et tombe la neige, gèle le roi Arthur. Un balais de paille gratté et jaillit l’étincelle, l’air du feu (L’enfant et les sortilèges). Il y a ainsi plein de petites trouvailles rigolotes, de trucs et astuces facétieuses. Valérie Lesort ne s’embarrasse pas du superflu et donne à chaque chanson son écrin de folie fait de trois fois rien et dans lequel nos deux chanteurs, véritable Frégoli de la glotte, ou sans doute atteints du syndrome éponyme, sont tout à leur aise. Habiles aux changements fissa de répertoire, d’ambiance plantée en cinq-sept, ils s’amusent comme des sales gosses farceurs un jour d’Halloween. Tout est pour de faux, pour de rire. Et gardons le meilleur pour la fin, un vrai miracle où Valérie Lesort, Marie Frankenstein d’un soir, accomplit l’impensable, ressusciter un mort et pas des moindres. Mais, chut, protégeons le secret, restons muet comme une tombe. Zombie qui mal y pense.

 

©  Stefan Brion

 

 

Cabaret Horrifique mise en scène de Valérie Lesort

Avec Judith Fa, soprano, Lionel Peintre, baryton, Marine Thoreau la Salle, piano

 

Du 27 juin au 4 juillet 2020 à 19 h 30

Le 28 juin à 16 h 30 

 

Opéra-Comique

Sur la scène de la salle Favart

Place Boieldieu

75002 Paris

 

Réservations 01 70 23 01 31

www.opera-comique.com


 

 

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